Les Actualités
L’annonce de Spotify (*) de ne pas payer les quelques centimes dûs aux ayants droits totalisant moins de 1000 streams annuels représentent 40 millions de dollars sur l’année avec un objectif de doubler cette somme d’ici 2027 (2023 : chiffre d’affaires 1er trimestre 3,4 milliards euros/ 515 millions utilisateurs annuels dont 210 millions payants, croissance + 100 millions d’utilisateurs par an et objectif 2027 : 1 milliard d’utilisateurs).
Leur projet actuel est d'utiliser cette somme de 40 millions de dollars pour augmenter les paiements des titres éligibles.
Mais d’où viennent ces centimes ?
La question qui revient depuis la naissance du streaming musical est la rémunération très disparate et disproportionnée des artistes, producteurs et compositeurs.
Les revenus générés par les écoutes en streaming sont aujourd’hui répartis aux ayants droit au prorata de leur part de marché, définie en rapportant le nombre d’écoutes générées sur le catalogue de l’ayant droit à l’ensemble des écoutes générées sur le service, selon le modèle dit du Market Centric Payment System (MCPS).
Ce système ne répartit pas le montant de chaque abonnement des utilisateurs aux artistes, producteurs et compositeurs des musiques qu’ils écoutent mais aux ayants droits des titres les plus écoutés : par exemple le montant de l’abonnement d’un utilisateur qui n’écoute que de la musique classique, du jazz, du folk est distribué à d’autres ayant droits : quelques centimes annuels pour les musiques les moins médiatisées, plusieurs millions de dollars pour le top 10 (rap, hip hop…) . Et sans surprise, les plateformes se gardent bien de communiquer aux utilisateurs la destination de leur abonnement.
Un système de répartition devenu obsolète
Une étude du CNM en partenariat avec le cabinet d’audit et de conseil Deloitte réalisée en 2020 et publiée en janvier 2021, relative à l’impact par les services de musique en ligne, qu’aurait un changement de clés de répartition : passage du modèle MCPS actuellement appliqué au modèle UCPS (User Centric Payment System l’utilisateur rémunérant par son abonnement les artistes écoutés sur la période). Les revenus des ayants droits montrent qu’en changeant de système, les moins médiatisées, classique, jazz, métal, hard rock, folk se verraient valorisées, à l’inverse du top 10 et top 100 (rap, hip-hop, rock …).
Auparavant, plusieurs études ont été réalisées aboutissant à des prises de position très contrastées et à des conclusions différentes, voire contradictoires (utilisant différentes méthodologies). La plupart souhaitent continuer à utiliser le système MCPS - ne pas changer - Néanmoins, tous adoptent une vision éthique de l’UCPS, un modèle qui semblerait plus juste et bénéfique pour la filière musicale sur le long terme mais qui provoquerait une hausse des frais de fonctionnement de l’ordre de 2 % à 3 % qu’ils ne veulent pas prendre en charge et qui seraient facturés aux agrégateurs/distributeurs et aux producteurs..
Mais les diverses communications qui ont été faites sur les conclusions de ce rapport ont mis en avant que le gain annuel moyen des musiques les moins médiatisées ne serait que de 10% : quelques centimes finalement, alors qu’en réalité un centime perçu aujourd’hui deviendrait une dizaine d’euros en changeant de système : que çà ne valait pas la peine de changer…
En réalité plusieurs tableaux de cette étude montrent que 10 % des utilisateurs ayant la consommation la plus basse verraient le montant des redevances qu’ils redistribuent augmenter de plus de 3 000 % avec l’UCPS, tandis que 10 % des utilisateurs ayant la plus forte consommation musicale perdraient en moyenne 72 % des redevances qu’ils redistribuent actuellement sous le modèle MCPS.
Dans un autre tableau les « low user » verraient leur redevance augmenter de 7300 % : dans ce cas 10 euros perçus du streaming aujourd’hui par les artistes, producteurs, compositeurs de musiques les moins médiatisées (dites "de niche") deviendraient 730 euros, ce qui leur permettrait d’être une base pour continuer à produire, tout en dynamisant la diversité et la création musicale.
Pour quel projet ?
Le projet actuel de SPOTIFY est d'utiliser cette somme de 40 millions de dollars annuels (collectée sur les streams non payés inférieurs à 1000 ) pour augmenter les paiements des titres éligibles : mais çà sera toujours les mêmes qui vont en bénéficier, accroissant les inégalités.
Nous proposons à SPOTIFY de revoir l’affection de ces centimes en utilisant cette somme pour aider/mettre en avant les titres qui totalisent moins de 1000 streams afin qu’ils dépassent le seuil de 1000 et accèdent à une rémunération : changer de système de répartition et utiliser ces 40 millions de dollars annuels pour financer le passage à l’UCPS et développer des algorithmes qui mettent en avant tous ces oubliés du numérique.
De communiquer sur la destination des abonnements des utilisateurs répartis aux artistes, producteurs, compositeurs qu’ils écoutent.
Cette prise de conscience que tout devient possible, en rémunérant équitablement les créateurs de contenus tout en accroissant la rentabilité et l’indépendance financière des plateformes de streaming devrait potentiellement changer leur image et promouvoir une réelle diversité des musiques proposées aux utilisateurs.
(*) Bruno Crolot, directeur général de Spotify France « Nous avons annoncé des évolutions dans notre mode de répartition des royalties. Toutes les analyses qu’on a pu faire montrent que les titres de musique qui ont moins de 1 000 streams par an génèrent quelques centimes par mois. Or, ces centimes, qui représentent des sommes importantes au niveau mondial, ne sont pas reversés aux artistes, en raison des frais liés aux distributeurs et aux labels. On a donc décidé de ne plus reverser de royalties aux titres qui font moins de 1 000 streams par an » le Monde du 27 janvier 2023 interview au Midem.
La commission distribution numérique / Les Allumés du Jazz
ENGLISH VERSION
photo : Guy Le Querrec - Magnum (Frank Cassenti, Archie Shepp)
1/ CINÉMA-MUSIQUE
Programmes des Films : invité Guy Girard
SAMEDI 27 JANVIER
14h-16h
. Hommage à Frank Cassenti : CHANGER LE MONDE de FRANK CASSENTI, 2020 - 83’
avec Archie Shepp, BCUC, Hamid Drake, Tony Hymas, Majid Bekas, Desdamona, Randy Weston...
. CONJURE de JÉRÔME DE MISSOLZ, 2004 - 52’
Avec Kip Hanrahan, Taj Mahal, David Murray, Billy Bang...
17H-19h
. EMMANUELLE PARRENIN, D’UNE MAISON L’AUTRE de MARIE-ÉLISE BEYNE, 2021 - 44’
. ÉLIANE RADIGUE, L’ÉCOUTE VIRTUOSE de ANAÏS PROSAÏC, 2011 - 61’
DIMANCHE 28 JANVIER
13h30-16h
. SIEGFRIED KESSLER, A LOVE SECRET de CHRISTINE BAUDILLON, 2004 - 56'
. OFF THE ROAD, PETER KOWALD de LAURENCE PETIT-JOUVET, 2007 - 72'
16-18H en présence de Guy Girard
. 7 SOLOS de GUY GIRARD, 1984 - 14’
Avec Siegfried Kessler, Jöelle Léandre, JF Pauvros, Annick Nozati, Jac Berrocal, Louis Sclavis, Daunik Lazro (40ème anniversaire)
. DON PAUVROS DE LA MANCHE de GUY GIRARD, 2015 - 63’
avec Jean-François Pauvros, Arto Lindsay, Xavier Boussiron, Marie-Pierre Brébant, Tony Hymas, Charles Pennequin, Vincent Fortemps, Keiji Haino...
. LES CHANTS DE BATAILLE de GUY GIRARD, 2003 - 47’
avec Jac Berrocal
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2/ AUX RONDS POINTS DES ALLUMÉS DU JAZZ
Samedi 27 janvier - 14h
Que faire des archives de la musique improvisée ? animé par Jean-Marc Foussat. Intervenants: György Kurtág Jr. et Jean-Paul Gambier.
La musique improvisée est peut-être vouée à se vivre et se jouer au temps présent. Mais elle s’enregistre et constitue des archives sonores, qui épaississent son rapport au temps et l’interrogent : comment concevoir les archives d’une musique qui souvent se confond avec la vie des artistes qui la jouent ?
Dimanche 28 janvier - 14h
L’enfance des disques : enregistrer de la musique pour les enfants (et par les enfants) – animé par Pierre Tenne. Intervenants : Charles Borrett et Sylvain Quément.
L’enregistrement de musique pour les enfants, souvent cloisonné à des rayons et classements dits « spécialisés », appartient pleinement à la vie et l’histoire des musiques enregistrées. Producteurs et spécialistes de ces disques exposent leur compréhension de ces musiques pour et par les enfants.
3/ ATELIERS JEUNE PUBLIC
Dimanche 28 janvier : à partir de 11h
Réaliser des enregistrements sonores. Animé par Elisa Arciniegas
A l’aide d’un enregistreur, il s’agit de capter l’environnement sonore proche des enfants (7 à 12 ans). Ensuite, un travail de mixage sera proposé pour comprendre la fabrique d’un disque.
Dimanche 28 janvier : de 14 à 16h
Découverte des instruments de musique. Animé par Nicolas Souchal.
À partir d’un ensemble d’instruments adaptés, il s’agit de découvrir, explorer, manipuler des objets musicaux, pour faire du son ensemble et écouter ce que ça fait. À vous de jouer !
Renseignements : 02 43 28 31 30
4/ CARTE BLANCHE À L'ARFI
Tout au long du Salon, l'Association à la Recherche d'un Folklore Imaginaire créée en 1977 (vétérane Allumée) aura son espace et proposera écoutes, échanges, performances, ateliers etc.).
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5/ GRAND BAL (toutes danses) DIMANCHE 28 À 18H avec LE PEUPLE ÉTINCELLE
Dansons avec François Corneloup (saxophone soprano), Michaël Geyre (accordéon), Fabrice Vieira (guitare, chant), Éric Duboscq (basse), Fawzi Berger, Ersoy Kasimov (percussions)
CREATION 27 JANVIER 20H PALAIS DES CONGRES ET DE LA CULTURE - LE MANS
Les Allumés du Jazz font salon - Le Mans sonore
Bien sûr, dans l'énoncé, on entend de suite la référence aux orchestres à géométrie fichtrement variable de Carla Bley - Mike Mantler et Barry Guy. Une certaine continuité historique prévaut à l'idée libératrice pour le Jazz Composers Allumés Orchestra qui nous avait gratifié d'un "7 janvier" dans le 33tours des Allumés du Jazz "Aux Ronds Points des Allumés du Jazz" en 2019 et qui se présentera au Palais des Congrès au Mans le 27 janvier 2024 à 20h avec ses 19 musiciennes et musiciens jouant les musiques et idées de 7 compositrices et compositeurs.
Avec
Elisa Arciniegas
Etienne Cabaret
Xavier Camarasa
Nicolas Christenson
Sarah Colomb
François Corneloup
François Cotinaud
Catherine Delaunay
Florent Dupuit
Anne Foucher
Jean-Marc Foussat
Didier Fréboeuf
Rémi Gaudillat
Jean-Brice Godet
Tony Hymas
Fanny Menegoz
Samuel Silvant
Bruno Tocanne
Antoine Viard
Sur des compositoins de
Catherine Delaunay
Didier Fréboeuf
François Cotinaud
Rémi Gaudillat
Nathan Hanson
Antoine Viard
Une infolettre de INVIVO Agency à l'occasion des BIS de NANTES les 17 et 18 JANVIER 2024
Un peu d'esprit caustique ne pouvant faire de mal en cette période de bons vœux, deux tendances nous interpellent bigrement en ce début d'année.
D'un côté la diminution "mécanique" du périmètre des tournées, liée notamment à la surproduction exponentielle dans le secteur du spectacle vivant toutes disciplines confondues.
De l'autre une uniformisation des programmations, à mettre en relation avec un rétrécissement des goûts et de la curiosité du public.
Tout ceci à l'aune d'une recomposition de notre paysage où les plateformes de streaming, avec le concours des réseaux sociaux ont rebattu les cartes et façonné un nouveau type de public plus que jamais "consommateur de produits culturels".
On sait le succès des festivals qui montent des affiches toujours plus rutilantes avec des stars aux cachets indécents (le papier explicite cette semaine des Echos, "les Milliards du business des concerts") et le circuit de nos chers centres culturels où les 25-40 ans sont aux abonnés... absents.
Quid de la scène dans cinq ou quinze ans, on est pas sûrs de vouloir savoir.
Certains jours on a l'impression de singer les producteurs laitiers sous dispositif PAC... Une production totalement asservie a un système de subventionnement et qui ne répond plus à aucune réalité sociétale.
Pourrait on revenir a une forme plus organique ? A quand une décroissance assumée également dans notre secteur ?
Le supposé regain de forme du milieu du spectacle vivant, annoncé depuis la fin de la pandémie, est un mirage. Il ne touche qu'une part chaque jour plus minoritaire de la production actuelle, le gros des troupes restant à quai. Seule la Cour des Comptes s'en émeut.
Alors verdir nos pratiques, atteindre une juste parité, appliquer des protocoles efficaces contre les vss, oui ! Mais les tabous subsistent et on aurait apprécié que les Bis qui vont nous rassembler prochainement, osent s'aventurer sur ces territoires moins consensuels qui constituent aujourd'hui les enjeux majeurs de nos métiers.
Le temps n'est pas au "feeling good" tel qu'annoncé dans leur édito. Nous sommes dans une période de recomposition du paysage, et notre actualité est assombrie par une nuée opaque. Il y aurait comme un doute qui plane....
Reste qu'on sera a Nantes les 17 & 18 janvier. On discutera production artistique et tournée pour les curieux que ça intéresse, vous connaissez notre catalogue.
Pour les autres nous montons (oui on vient du Gard ..), avec de nouvelles cuvées (oui on fait pas que du concert...). Des Syrah de 2021, et un assemblage Merlot/Syrah de 2022. Y aura même encore un peu des Grenache 21, cuvée qui nous avait valu la médaille d'or de la camaraderie à JazzAhead l'an passé.
Vins issus de raisin bio, vinifié avec très peu d'entrants et nos mains imparfaites.
On se réjouit en ce début d'année de revoir vos têtes à tous, camarades, amis, frères, confrères, concurrents, apostats, et autres protagonistes enjoués, et alertes.
Stand 312 mercredi soir, 18h.
http://invivo.agency/
Palais des Congrès - LE MANS
entrée libre
JEUDI 18 JANVIER 2024 20H30 / Entrée libre
JAM, 100 rue Fernand de Lessepes - MONTPELLIER
04 67 58 30 30
SUITES
Il y a bientôt 10 ans, le 21 janvier 2014, Jean Morières nous quittait, laissant derrière lui une œuvre musicale foisonnante.
Arrivé dans les Cévennes en 1978 avec le groupe Bambou et ses flûtes faites « main », il trouve l’amour et s’installe à Montpellier. Il participe à la création du « Sentier de la fontaine » et se plonge dans l’ébullition artistique de l’époque, au croisement du jazz, du folk, de la musique contemporaine, du théâtre de rue, du nouveau cirque, de la danse.
Nous avons réuni des amis musiciens pour jouer sa musique et celle des générations suivantes, espérant transmettre l’utopie qui l’animait : créer un monde riche de toutes les influences (musicales et autres), dans le respect et la compréhension de chacune d’entre elles.
Entourés de merveilleux musiciens et musiciennes, nous reformons son premier groupe, Bambou, nous reprenons des compositions de ses principales créations éditées au fil des années sur le label Nûba créé avec Pascale Labbé, nous adaptons son tube Ganesh en une version chorale et multimédia, le trio Luxus reprendra des morceaux de la création autour de l'Orphée de Rilke crée pour lui rendre hommage, son avatar Eddy Bitoire s'invitera pour faire vivre la part fantasque de son répertoire, enfin et bien sûr l'improvisation sera au rendez-vous, qui avait une telle place dans sa pratique musicale.
Pour l'occasion nous avons édité son "Traité pratique de méditation non-conformiste" et un travail de transcription de ses partitions a été amorcé.
27 et 28 janvier 2024
Entrée libre
Palais des Congrès et de la Culture du Mans
Dans le cadre de Le mans Sonore – Biennale du son
Les Allumés du Jazz font Salon est un espace où producteurs, productrices, musiciens, musiciennes et public puissent se rencontrer au travers des différentes productions de labels indépendants qui représentent une part vivace de la vie de la musique en France. De tous temps, les labels indépendants ont permis de véritables aventures, constituant autant d’innovations reprises ensuite par l’industrie musicale.
Dans une époque où la confusion est grande, où la musique semble être partout et nulle part à la fois, il importe grandement de remettre l’accent sur ce savoir-faire artisanal et ce qu’il continue toujours de créer.
Un peu d’histoire
C’est en décembre 1950 à la Salle Pleyel et à la Maison de la Chimie à Paris qu’a lieu le premier Salon International du Jazz à l’initiative de Charles Delaunay et Jacques Souplet. Leur idée est de dépasser la forme déjà habituelle du festival et d’adresser la musique au public, par des concerts bien sûr, mais aussi de manière inédite, par des présentations de compagnies discographiques, d’éditions musicales, de publications de livres et revues, de conférences, de projections de films, etc.
En avril 1983, le Jazz Action Paris Ile-de-France, plus connu sous le caninyme de Japif, crée à Paris, aux Salons Hoche (anciens studios Barclay), un Salon du Jazz et des Musiques Improvisées qui met l’accent sur la production discographique, mais propose aussi films, débats et concerts.
L’opération est renouvelée fin 1985 à la Défense sous le nom de Salon Européen du Jazz.
En 1995, un groupe de productrices et producteurs de disques indépendants parvient à mettre en forme une fédération, longuement espérée, qui représente, aujourd'hui plus encore, une part significative de la production et de la diffusion de musique enregistrée : Les Allumés du Jazz. À l’oeuvre pour la mise en valeur de cette activité qui a connu tant de mutations depuis son origine, les Allumés du Jazz organisent des stands de disques itinérants, rencontres, débats (les fameux Ronds-Points des Allumés du Jazz), des concerts, projections de films, créent un journal (qui fait référence), une boutique (au Mans) et mettent en place d’autres actions visant à mieux défendre, partager et faire comprendre les spécificités et nécessités de la musique enregistrée et ses rapports tant avec les autres modes de diffusion de la musique qu’avec la vie du monde.
Les Allumés du Jazz sont constitués de maisons de disques, labels, collectifs et éditeurs phonographiques présents sur l’ensemble du territoire français (et même, pour quelques-uns, au-delà des frontières).
En ces temps, souvent fragmentés en ce qui concerne la musique, les rencontres offrent les véritables ouvertures. Le désir de remettre à jour une idée de 73 ans, parfaitement en adéquation avec les besoins actuels de productions indépendantes désireuses de rejoindreleur public et d’oeuvrer en divers pointsgéographiques où exercent ses membres,ont assez évidemment conduit l’association à assembler ses lignes majeures lors d’un tout neuf salon mettant à l’honneur la production discographique et ses environs.
Frank Cassenti avec Archie Shepp au Festival Jazz à Porquerolles, 10 juillet 2007 - photo : Guy Le Querrec - Magnum
Frank Cassenti, cinéaste (Salut voleur, L’affiche Rouge, La chanson de Roland…), cinéaste du jazz (Archie Shepp : je suis jazz… c’est ma vie…), bassiste (Fusion Jazz Quartet), co-producteur de disques (Archiball) et de films (Oleo), organisateur de concerts et de festivals (Porquerolles), vient de nous quitter.
À 17 ans, cinéma, musique et lutte sociale ne faisaient déjà qu’un pour lui, il en sera ainsi de toute sa vie. En 2013, pour le journal Les Allumés du Jazz (n° 31 « Jazz à bon port »), aux côtés des cinéastes Judith Abitbol, Christine Baudillon et Samuel Thiébaut, il répondait aux questions de Paul Biegler à propos de la fameuse question : filmer la musique. Une sélection ici des réponses de celui qui fut notre camarade pendant 50 années.
La musique est-elle par définition invisible ?
Pour moi, la musique ne s'entend pas, elle se ressent, elle est de l'ordre de la spiritualité. Elle est invisible et comme dit le petit prince, ne se voit bien qu'avec son cœur. Est-ce que le visible est nécessairement ce qu'on voit et l'invisible ce qu'on ne voit pas ? A partir de là, que peut-on filmer de la musique ? Tout et rien ! L'art de filmer, c'est précisément de ne pas montrer mais de suggérer, c'est une des définitions du cinéma. "Emotion, émotion, émotion", c'est ce que fait dire Godard à Samuel Fuller dans Pierrot le fou. Ceux qui montrent sont du côté des "voyeuristes" et la télévision est passée maître dans le genre. Une des émissions qui marche le mieux sur le service public s'appelle "Strip tease"!
Que peut-on filmer de la musique ?
Si filmer c'est raconter une histoire, on ne peut filmer de la musique que des bribes de sa propre histoire. Quand j'ai réalisé le film sur le pianiste Michel Petrucciani Lettre à Michel Petrucciani, nous nous sommes retrouvés dans un studio avec l'équipe de tournage et je pensais naïvement dire "moteur" et enregistrer la musique mais en fait il s'agissait de tout autre chose. Michel jouait et ce qui était aussi en jeu, c'était son image et le trouble que cela me causait pour rendre compte de sa musique. À l'arrivée, le film est devenu une lettre d'amour que je lui adressais. En filmant la musique j'influençais sa création parce que Michel jouait pour m'apprivoiser. La musique influençait son filmage et le filmage la musique. Il y avait dans ce cas de figure des croisements d'émotions qui s'alimentaient mutuellement. Filmer n'est pas un acte neutre ou objectif, il vous engage avec toute votre histoire qui interfère avec le sujet et comme dit si bien Le photographe Guy Le Querrec : « Il ne faut pas se mettre trop près du quai parce qu'on risque de se faire happer par le sujet ! »
Est-ce que filmer la musique peut influencer sa création ?
Quand dans le film Je suis jazz c'est ma vie j'ai proposé à Archie Shepp de le filmer dans la rue à Barbès, (les années 80), il s'est trouvé tout d'un coup entouré d'immigrés qui l'écoutaient. L'acte de filmer Archie dans un tel contexte a influencé sa création. Il improvisait devant un public qui n'avait peut-être jamais entendu de si près un musicien de jazz et pour ce qui me concerne, j'improvisais ma façon de filmer pour rendre compte de quelque chose qui n'était pas uniquement de l'ordre de la musique. J'ai vérifié ainsi que la musique de jazz n'est pas une musique frivole et qu'elle est intimement liée à son environnement, à l'instant où elle se crée. C'est une musique vivante qui bat la mesure du temps et de la filmer vous fait à votre tour être musicien présent dans ce temps-là. Quand je tiens la caméra et que j'interviens au montage dans le matériau filmique, j'interviens de fait dans le déroulement créatif de la musique, j'en modifie l'esprit et je deviens à mon tour musicien de l'orchestre, un musicien fantôme, une sorte de blue note filmique. Le tout est d'être accepté totalement par le groupe ! J'ai appris la musique en la filmant.
Devient-on musicien quand on film la musique ?
C'est sûrement la frustration de ne pas être totalement musicien qui m'a conduit à filmer la musique et a en faire partie. Ce qui est paradoxal, c'est que ce sont les musiciens qui m'ont appris aussi à filmer. Je me souviens qu'un jour Max Roach m'avait fait remarquer qu'on ne filmait jamais le pied du batteur sur la grosse caisse et il avait entièrement raison. Pour filmer un concert, j'attends toujours la fin des balances pour savoir où je dois placer les caméras et en général je demande aux cadreurs de filmer la caméra à l'épaule et pas sur un pied pour ne rien perdre de la fluidité et des échanges entre les musiciens. Je me souviens d'un concert d'Elvin Jones avec son groupe. J'ai filmé Elvin en gros plan pendant toute une longue séquence alors que les autres musiciens prenaient des chorus. Tout au long de ce plan magique, Elvin était tellement expressif que toute la musique du groupe s'entendait sur son visage qui ruisselait. Il n'était pas nécessaire de passer en plan de coupe sur le tromboniste ou le saxophoniste. Le off en dit souvent plus que le in. J'ai toujours tenté d'être au plus près du musicien non pas pour faire entendre la musique mais autre chose qui est de l'ordre de l'invisible et qui s'adresse à la partie la plus intime de notre être. Filmer les musiciens de l'Art ensemble de Chicago, Miles Davis, Petrucciani, Ray Charles, Abbey Lincoln ou les Gnawas du Maroc vous apprend tout simplement la vie.
À 82 ans, Philippe Carles nous a quitté. Tout ce que le monde du jazz compte d'allumés a bien connu ou connait bien ses écrits ou sa voix, par la revue Jazz Magazine dont il fut chroniqueur avant d'en devenir le rédacteur en chef en 1971, ses dictionnaires du Jazz avec André Clergeat et Jean-Louis Comolli ou avec le même Comolli, le fameux Free Jazz Black Power, ou bien par les émissions qu'il anima sur France Musique pendant plusieurs décennies, véritable ouverture sur un monde aujourd'hui à la peine. Les Allumés du Jazz a leur naissance avaient rapidement eu droit à un encart spécial dans Jazz Magazine. Philippe Carles était interviewé dans le n°4 du journal Les Allumés du Jazz. Dans le n°18, il répondait également à la question de Jean-Jacques Birgé reprenant les mots de Brigitte Fontaine de Opération Blow Up de Un Drame Musical Instantané.
La cinquième édition d'un festival, initié par le batteur Bruno Tocanne, qui mise avant tout sur la créativité et sur une volonté constante d’amener musique, culture et ouverture sur le monde en tous lieux, même les plus à l’écart et qui, loin de se fondre dans les tendances du moment, dans les courants musicaux dominants, s’appuie sur des formations et des artistes consacrés pour qui sincérité, générosité et originalité vont de pair.
"Un festival exemplaire" Xavier Prevost Jazz Magazine