Les Actualités
Les Allumés du Jazz font salon (suite)
par Elisa Arciniegas Pinilla
"Les bruits et le son du salon" est une petite composition créée par des enfants de 6 et 7 ans à partir de divers enregistrements sonores pris lors du salon des Allumés du Jazz au Mans en janvier 2024.
Le but était de donner une structure musicale à toutes les possibilités d'enregistrement que nous avons pu capter dans notre ballade sonore le dimanche matin : voix sur place, interview, sons corporels (pas, rires, applaudissements), sons artificiels (des tables qui bougent, le son des vinyles quand on les regarde et les bouge sur un bac), musiques des concerts sur place, musiques des disques, etc.
Après l'enregistrement, les enfants ont choisi leurs sons préférés pour composer une petite pièce sonore du salon.
En commençant par une boucle de bruits un peu rythmés, et des interviews que les enfants ont faites à quelques exposant. Nous avons choisi de chevaucher les voix pour jouer avec les sons des réponses décalées, et nous avons ajouté des sons modifiés avec des filtres et pads sonores du logiciel de création musicale pour donner un espace acoustique plus large à la pièce, et pour que les enfants puissent tester aussi l'utilisation des effets MAO (musique assistée par ordinateur) sur les enregistrements in situ.
Au fur et à mesure on écoute notre moment de rentrer, rester et partir de la salle des concerts, que nous avons enregistrés également et choisi comme le centre de cette petite pièce.
Pour la dernière partie on y retrouve quelques sons des instruments et des pads, et les enfants reviennent avec leurs voix en ajoutant quelques mots sur les Allumés du Jazz : "c'est une boutique"... "ils vendent des CD et des vinyles"... puis un petit coda de saxophone en concert...
Le concert qui a été enregistrée est celui de Ramon Lopez, Antoine Viard, Jean Marc Foussat et Xavier Camarasa ce dernier a eu lieu pendant le salon des Allumés du Jazz au Mans en janvier 2024.
Lien d'écoute
Que nous le voulions ou non, l'époque actuelle nous force à nous questionner et à nous positionner sur l'avenir proche. En regard de toutes sortes d'anxiétés et d'incertitudes que génèrent les temps présents, l'art et les artistes constituent plus que jamais un réel potentiel d'ouverture au monde et d'espoir collectif. Cet imaginaire si fort et si essentiel puise son énergie dans le monde d'aujourd'hui mais également dans l'immense héritage de nos différentes cultures. Le festival des émouvantes 2024 vous invite à venir découvrir 6 projets porteurs de ces croisements entre hier et aujourd'hui, magnifiques témoignages d'une mémoire de demain.
Du passé ne faisons surtout pas table rase mais bien au contraire venons ensemble déguster les fruits soigneusement mûris de tous ces imaginaires.
Cette année 2024, le festival l'Oreille du Perche se tiendra du 25 au 28 juillet à Verrières, Corubert et Mauves-sur-Huisne dans l'Orne. Organisé par le musicien Claude Tchamitchian et Bénédicte Affholder, il présentera quatre soirées à l'inspiration textuelle.
Jeudi 25 juillet à l’église de Verrières, en ouverture du festival, le trio de Claude Tchamitchian, Naïri, une musique d’aujourd’hui dont la narration fait écho aux récits antiques des aèdes d’Orient.
Vendredi 26 juillet à l’église de Corubert la bandonéoniste Louise Jallu s’inspire du journaliste et écrivain français Albert Londres et de destins parfois funestes de femmes blanches en Argentine. À l’église de Mauves-sur-Huisne les samedi 27 et dimanche 28 juillet, le récital de Katerina Fotinaki dont la guitare et la voix subliment les plus grands poètes grecs et anglophones et le trio du violoncelliste Vincent Courtois, Love of Life, magnifique voyage en musique dans l’univers de l’écrivain, photographe et grand reporter Jack London.
Site : http://loreilleduperche.fr/
Disponibles aux Allumés du Jazz :
Claude Tchamitchian trio Naïri (Émouvance)
Vincent Courtois Love of life (La Buissonne)
Photo : Jérôme Prébois
Le Mans, boutique des Allumés du Jazz, 1er juin 2024
par Pierre Hélelou et Geude-Emile Heureux
Les papes sont parfois des gens sérieux. Parfois, ils écrivent des textes aux noms solennels - encycliques, brefs, bulles - dans lesquels ils sélectionnent systématiquement, et depuis bien des siècles, des extraits de la Bible et de textes sacrés, qu'ils lient par leur propre discours. Un texte peut-être apocryphe, retrouvé dans le legs de Hugues V du Maine, dit le Manceau, décrirait cette singulière pratique papale du nom de samplum. Un manuscrit plus tardif issu de la bibliothèque de Foulques d'Anjou, évoquerait quant à lui l'art d' « eschantillonerie, à quoy toust pape resclarit ». Sans doute pourrait-on voir cela figurer sur un mur de l'abbaye royale de l'Epau, alors que le festival Jazz Tangente achevait sa première édition, joyeuse et réussie, le dimanche 2 juin.
La veille, l'1consolable, auteur de l'épatant album Sauvage, raconte une autre histoire du sample à la boutique des Allumés du Jazz. Dans l'assistance nombreuse, aucun pape (à moins - cela arrive - qu'il ne fut venu clandestinement déguisé en champignon) mais des êtres épris de découverte.
Situation : Pour le festival Jazz Tangentes, du 31 mai au 2 juin 2024, nouveau chapitre de la vie du jazz manceau, les Allumés du Jazz sont invités à participer. Chic ! Ils dégainent une idée de créative conciliation, de collective déraison magique, en proposant à L'1consolable de scander ses textes, poser son flow groovy sur des samples (échantillons) de morceaux de son choix, aménagés à sa guise, issus des catalogues de différents albums des Allumés du Jazz. Une petite histoire dans la grande... Un conte.
Le 30 avril, suite à l'annonce de ce concert par les voies d'internet (assez papalement impénétrables), les Allumés du Jazz recevaient cette missive de Laurent F. à Angoulême : « Pardon, mais ce n'est pas en programmant du rap que vous attirerez plus de monde vers le jazz, au contraire. Vous cautionnez ainsi cette sous-musique qui envahit tout et qui n'a vraiment pas besoin d'être aidée pour se répandre, telle une sale épidémie. On ne se bat pas avec les valeurs des autres, mais avec les siennes. »
Bing : retour à la crasse des parts. Le jazz, en sa pleine beauté de sous-musique néo-orléanaise avait dès sa naissance rapidement tout envahi. Jamais elle n'obtint véritablement son certificat de pureté. Aussi, comme toute personne de grand âge, quand elle perdit un peu de son souffle après sa grande libération, elle demanda de l'aide à ses fils et filles. Et vint le rap, qui mieux qu'une subtile façon d'accommoder les restes, énonça de plein fouet une expression en adéquat écho à son époque comme le jazz, son grand-père, sut le faire. Une forte partie des amateurs et praticiens d'une musique souvent enlisée dans les combinaisons bourgeoises pour qu'elle s'y vautre, fut au mieux réticente, au pire hostile jusqu'à utiliser une terminologie raciste utilisée aussi contre les populations à qui cette musique toute neuve, mais pétrie d'histoire.
Miles Davis, Max Roach, Sam Rivers, Ornette Coleman, John Zorn, Brandford Marsalis, Hélène Labarrière ou David Toop - qui a été le premier a écrire un livre ambitieux sur le sujet : Rap attack -, pour en citer quelques-uns, affichèrent immédiatement mieux qu'un intérêt fort, mais une folle curiosité jusqu'à souhaiter amoureusement s'y coller. Le rap, alors sauvait quelque chose, une grande histoire. « Meditations on Integration » avait chanté Charles Mingus (source d'inspiration de nombreux rappeurs).
Recherche effectuée, l'arrière petit fils de Buddy Bolden ne travaille pas à la préfecture d'Angoulême, un arrière petit neveu d'Hugues Panassié peut-être.
Retour à la boutique des Allumés du Jazz le 1er juin. L'1consolable entame son récit où les valeurs des autres sont les nôtres. Il ne s'agit pas de la rencontre de deux musiques, mais au travers de son talent, de celle d'une multitude d'îles musicales allumées du Jazz. Il s'agit immédiatement de la possibilité que l'abâtardissement de toutes ces îles crée d'autres mondes.
Monde des samples, où se côtoient, se mêlent, s'interrogent, valsent les étiquettes et les genres, où les sous-musiques, si heureuses de cet état aussi souterrain que souverain, fournissent la bande-son d'un monde débarrassé de toutes les hiérarchies. Toutes ces maisons de disques s'allument bien ensemble, si bien ensemble.
Monde des textes, qui révèle à ces plages les sens qu'elles nous avaient cachés et que l'1consolable déchiffre, où l'oppression policière rejoint celle subie par les animaux, des histoires d'oncle mélomane ou d'autres revendiquant l'éco-terrorisme. Les musiques des autres sont les nôtres et elles portent une plus grande respiration dans la joyeuse contamination de toutes les sous-expressions que condamne l'autoritarisme satisfait d'un monde organisé pour ne rien faire. Encore un truc de pape.
Retour au conte, tenu au long cours par l'1consolable. Près de deux heures de toutes les différences, de toutes les harmonies, de toutes les harmonies différentes, piochées dans des centaines de disques allumés du Jazz. Il était une fois des disques écoutés : tout ce qu'ils délivrent. Il était une fois des disques partagés : tout ce qu'ils lient. La boutique des Allumés du Jazz héberge tout cela, alors on se demande quel espace elle occupe. Puis on le vit.
Parenthèse d'histoire courte : les disques seraient en crise. Tiens comme la démocratie électorale, le climat, l'adolescence et la quarantaine, la papauté, la confiance dans les institutions, ou l'économie. Causes communes ? Les crises ne sont que l'invention d'une défiance face à un monde dont on refuse d'avouer qu'il est animé. Les disques ne s'animent pas tout seul, ils ne rentrent pas en crise seuls.
Toute la boutique scande les quatre syllabes de l'1consolable, qui finit enfin par se présenter, après avoir détaillé tous les autres Allumés à travers les sons des musiques qu'ils ont animées, en d'autre temps et d'autres espaces. Le conte se finit contre l'histoire : les papes font taire les sous-musiques et n'échantillonnent que d'autorité. Les papes votent, depuis deux millénaires. Il s'agissait ce 1er juin de bien d'autre chose, comme de répandre une épidémie modeste où nos valeurs ne sont plus vraiment les nôtres, où nous n'avons de propre que ce qui appartient aussi aux autres.
Alors apparaît Lady Solo...
à suivre
À écouter : "Du fond de mon enfance" par L'1consolable, samples de " Rawalpindi Blues" (in Over the hills - IMR), "Derbuka / Zarb" (in Percussions du monde, Pablo Cueco & Mirtha Pozzi - Buda Musique) "Le pendule du fou" (in Algèbre, topologie d'un manège, François Cotinaud, Musivi), "Portes fenêtres" (in El Hal, Yoram Rosilio & Redouane Bernarz - Le fondeur de son), "Margaret Orange" (in Chant général, Olivier Bost, Clémence Cognet, Clément Gibert- Arfi) - Le Mans 1er juin 2024
Lien d'écoute
La discographie de l'1consolable
"Le météorologie musicale a ses résumés, voyons celui ci : dans la seconde partie des années 70, nous nous trouvions en une sorte de... disons... blindfold test ... dans l’interstice entre la vague 68 et la digue donda dondaine des années 80. En écho discographique, le jazz en France, où perduraient toutes sortes d’expériences, fut marquée par une floraison de nouvelles étiquettes dans un champ ouvert précédemment par Futura ou Palm (outre Rhin : ECM). On citera par exemple les caractéristiques Owl, Jms et Musica. Musica était à Bordeaux par son créateur et producteur : Alain Boucanus. Les disques Musica firent leur apparition a un rythme effréné à partir de 1975, musiciens de plusieurs générations s’y côtoyaient : Bernard Lubat, Martial Solal, Jacques Thollot, Hamiet Bluiett, Jimmy Rowles, Al Haig, Archie Shepp, Philippe Petit, Chris McGregor, Georges Locatelli. Mais c’est sans doute le jeune guitariste Christian Escoudé - tendance bop manouche qui ne se refuse rien - que Musica contribuera à exposer le plus largement avec quatre disques clés : Réunion du Christian Escoudé Quintet (avec jean Querlier, Frank Abel, Alby Cullaz, Joe Benoti - décembre 1975), Les 4 Éléments du duo Jean-Charles Capon- Christian Escoudé (mai 1976), Libra du duo Michel Graillier-Christian Escoudé (juillet 1976), Gitane du duo Charlie Haden & Christian Escoudé (septembre 1978 - à noter que ce duo est sorti sous nouvelle étiquette éphémère de Boucanus : All Life et que la couverture mettait très inélégamment Charlie Haden en avant - Le Liberation Photo Orchestra n’était pas encore passé par là). Quatre points cardinaux, indications des directions que le guitariste empruntera avec succès. À cette époque, en l’entend avec Didier Levallet (il fait partie de Confluence), il joue en quartet avec Bernard Lubat (il y a un disque en Pologne), avec Steve Potts, Michel Portal puis John Lewis, Shelly Manne, Stan Getz, John McLaughlin etc. etc. etc. etc. jusqu’à Ancrage du Christian Escoudé Unit Five avec André Villéger, Ludivine Issambourg, Emmanuel Bex, Simon Goubert (Label Ouest - 2024).
Cette fois-ci le terme de « dernier disque » ne sera, tristement depuis le 13 mai de cette année 2024, pas employé par erreur."
nato blog
Face aux plateformes d’écoute en streaming, devenues le modèle dominant, l’industrie du disque a connu une perte de vitesse. Vinyles et CD n’ont pourtant pas dit leur dernier mot.
LA VIE n° 4104 / 25 avril 2024
Le Mans a son histoire du jazz, la voici prenant une forme nouvelle en ce printemps de fin mai début juin.
Une forme baladine revendiquée puisqu'elle s'intitule JAZZ TANGENTES. Avec leurs fameux goûts tangentiels, Les Allumés du jazz s'y associent donc bien naturellement.
Le samedi 1er juin à 12h, l'allumage se fera au 2 rue de la Galèreà la boutique des Allumés du Jazz avec un concert sui generis du rappeur L'1consolable, scandant ses textes et posant ses flows groovy sur des samples issus des catalogues de différents labels membres des Allumés du Jazz.
https://superforma.fr/agenda/l-1consolable
Un lecteur attentif du journal officiel a relevé cette information qui concerne auteurs et éditeurs au premier chef
Journal Officiel, le 20 mars 2024 :
"Mme la Présidente de l'Assemblée nationale a reçu, le 19 mars 2024, de M. Jean-Philippe Tanguy (*) et plusieurs de ses collègues, une proposition de loi visant à exonérer les communes de moins de 2 000 habitants, les associations à but non lucratif, les établissements scolaires, les petits commerces et autres lieux publics implantés dans les communes de moins de 3 500 habitants, de la redevance due à la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique et à encadrer les pratiques commerciales de la Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique.
« Cette proposition de loi, n° 2370, est renvoyée à la commission des affaires culturelles et de l’éducation … »
(*) Jean-Philippe Tanguy est membre du RN
SPOTIFY : FROM PENNS TO MILLIONS
Spotify's announcement (*) not to pay the few cents owed to rights holders totaling less than 1,000 annal streams represents 40 million dollars over the year with a goal of doubling this sum by 2027 (2023 : figure business first trimester 3.4 billion euros / 515 million annual users including 210 million paying, growth + 100 million users per year and 2027 objective : 1 billion users). Their current plan is to use that $40 million to increase payments for eligible securities.
But where do these cents come from?
The question that has come up since the birth of music streaming is the very disparate and disproportionate remuneration of artists, producers and composers.
The revenue generated by streaming is now distributed to rights holders in proportion to their market share, defined by relating the number of streams generated in the rights holder's catalog to all streams generated on the service, according to the so-called Market Centric Payment System (MCPS) model.
This system does not distribute the amount of each user subscription to the artists, producers and composers of the music they listen to but to the rights holders of the most listened to titles: for example the amount of the subscription of a user who does not listen that classical music, jazz, folk is distributed to other rights holders: a few cents annually for the least publicized music, several million dollars for the top 10 (rap, hip hop, etc.). And unsurprisingly, the platforms are careful not to communicate to users the destination of their subscription.
A distribution system that has become obsolete
A study by the CNM in partnership with the audit and consulting firm Deloitte carried out in 2020 and published in January 2021, relating to the impact of online music services that a change in distribution keys would have: passage of MCPS model currently applied to the UCPS model (User Centric Payment System, the user paying through his subscription the artists listened to over the period). The income of rights holders shows that by changing the system, the less publicized classical, jazz, metal, hard rock, folk would be valued, unlike the top 10 and top 100 (rap, hip-hop, rock, etc.).
Previously, several studies have been carried out resulting in very contrasting positions and different, even contradictory, conclusions (using different methodologies).
Most wish to continue using the MCPS system - not to change - Nevertheless, all adopt an ethical vision of the UCPS, a model which would seem fairer and beneficial for the music industry in the long term but which would cause an increase in operation costs from 2% to 3% which they do not want to take charge and which would be invoiced to aggregators/distributors and producers…
But the various communications which were made on the conclusions of this report highlighted that the average annual gain of the least publicized music would only be 10%: a few cents in the end, while in reality one cent received today would become around ten euros by changing the system : that it was not worth changing…
In reality, several tables in this study show that 10% of users with the lowest consumption would see the amount of royalties they redistribute increase by more than 3,000% with the UCPS, while 10% of users with the highest music consumption would lose on average 72% of the royalties they currently redistribute under the MCPS model.
In another table, “low users” would see their royalties increase by 7,300%: in this case 10 euros received from streaming today by artists, producers, composers of less publicized music (known as “niche”) would become 730 euros , which would allow them to be a basis for continuing to produce, while boosting diversity and musical creation.
For which project?
SPOTIFY's current project is to use this sum of 40 million dollars annually (collected from unpaid,streams below 1000) to increase payments for eligible titles : but it will always be the same people who will benefit, increasing inequalities .
We propose to SPOTIFY to review the allocation of these cents by using this amount to help/highlight titles which total less than 1000 streams so that they exceed the threshold of 1000 and access remuneration: change the distribution system and use these 40 million dollars annually to finance the transition to the UCPS and develop algorithms that highlight all these forgotten digital people. To communicate on the destination of user subscriptions distributed to the artists, producers, composers they listen to.
This awareness that everything becomes possible, by fairly remunerating content creators while increasing the profitability and financial independence of streaming platforms, should potentially change their image and promote a real diversity of music offered to users.
(*) Bruno Crolot, general manager of Spotify France “We have announced changes in our method of distributing royalties. All the analyzes we have been able to do show that music titles that have less than 1,000 streams per year generate a few cents per month. However, these cents, which represent significant sums at the global level, are not returned to artists, due to costs linked to distributors and labels. We have therefore decided to no longer pay royalties to titles that have fewer than 1,000 streams per year” Le Monde, January 27, 2023 interview from Midem.
The digital distribution commisson of "Les allumés du jazz"
L’annonce de Spotify (*) de ne pas payer les quelques centimes dûs aux ayants droits totalisant moins de 1000 streams annuels représentent 40 millions de dollars sur l’année avec un objectif de doubler cette somme d’ici 2027 (2023 : chiffre d’affaires 1er trimestre 3,4 milliards euros/ 515 millions utilisateurs annuels dont 210 millions payants, croissance + 100 millions d’utilisateurs par an et objectif 2027 : 1 milliard d’utilisateurs).
Leur projet actuel est d'utiliser cette somme de 40 millions de dollars pour augmenter les paiements des titres éligibles.
Mais d’où viennent ces centimes ?
La question qui revient depuis la naissance du streaming musical est la rémunération très disparate et disproportionnée des artistes, producteurs et compositeurs.
Les revenus générés par les écoutes en streaming sont aujourd’hui répartis aux ayants droit au prorata de leur part de marché, définie en rapportant le nombre d’écoutes générées sur le catalogue de l’ayant droit à l’ensemble des écoutes générées sur le service, selon le modèle dit du Market Centric Payment System (MCPS).
Ce système ne répartit pas le montant de chaque abonnement des utilisateurs aux artistes, producteurs et compositeurs des musiques qu’ils écoutent mais aux ayants droits des titres les plus écoutés : par exemple le montant de l’abonnement d’un utilisateur qui n’écoute que de la musique classique, du jazz, du folk est distribué à d’autres ayant droits : quelques centimes annuels pour les musiques les moins médiatisées, plusieurs millions de dollars pour le top 10 (rap, hip hop…) . Et sans surprise, les plateformes se gardent bien de communiquer aux utilisateurs la destination de leur abonnement.
Un système de répartition devenu obsolète
Une étude du CNM en partenariat avec le cabinet d’audit et de conseil Deloitte réalisée en 2020 et publiée en janvier 2021, relative à l’impact par les services de musique en ligne, qu’aurait un changement de clés de répartition : passage du modèle MCPS actuellement appliqué au modèle UCPS (User Centric Payment System l’utilisateur rémunérant par son abonnement les artistes écoutés sur la période). Les revenus des ayants droits montrent qu’en changeant de système, les moins médiatisées, classique, jazz, métal, hard rock, folk se verraient valorisées, à l’inverse du top 10 et top 100 (rap, hip-hop, rock …).
Auparavant, plusieurs études ont été réalisées aboutissant à des prises de position très contrastées et à des conclusions différentes, voire contradictoires (utilisant différentes méthodologies). La plupart souhaitent continuer à utiliser le système MCPS - ne pas changer - Néanmoins, tous adoptent une vision éthique de l’UCPS, un modèle qui semblerait plus juste et bénéfique pour la filière musicale sur le long terme mais qui provoquerait une hausse des frais de fonctionnement de l’ordre de 2 % à 3 % qu’ils ne veulent pas prendre en charge et qui seraient facturés aux agrégateurs/distributeurs et aux producteurs..
Mais les diverses communications qui ont été faites sur les conclusions de ce rapport ont mis en avant que le gain annuel moyen des musiques les moins médiatisées ne serait que de 10% : quelques centimes finalement, alors qu’en réalité un centime perçu aujourd’hui deviendrait une dizaine d’euros en changeant de système : que çà ne valait pas la peine de changer…
En réalité plusieurs tableaux de cette étude montrent que 10 % des utilisateurs ayant la consommation la plus basse verraient le montant des redevances qu’ils redistribuent augmenter de plus de 3 000 % avec l’UCPS, tandis que 10 % des utilisateurs ayant la plus forte consommation musicale perdraient en moyenne 72 % des redevances qu’ils redistribuent actuellement sous le modèle MCPS.
Dans un autre tableau les « low user » verraient leur redevance augmenter de 7300 % : dans ce cas 10 euros perçus du streaming aujourd’hui par les artistes, producteurs, compositeurs de musiques les moins médiatisées (dites "de niche") deviendraient 730 euros, ce qui leur permettrait d’être une base pour continuer à produire, tout en dynamisant la diversité et la création musicale.
Pour quel projet ?
Le projet actuel de SPOTIFY est d'utiliser cette somme de 40 millions de dollars annuels (collectée sur les streams non payés inférieurs à 1000 ) pour augmenter les paiements des titres éligibles : mais çà sera toujours les mêmes qui vont en bénéficier, accroissant les inégalités.
Nous proposons à SPOTIFY de revoir l’affection de ces centimes en utilisant cette somme pour aider/mettre en avant les titres qui totalisent moins de 1000 streams afin qu’ils dépassent le seuil de 1000 et accèdent à une rémunération : changer de système de répartition et utiliser ces 40 millions de dollars annuels pour financer le passage à l’UCPS et développer des algorithmes qui mettent en avant tous ces oubliés du numérique.
De communiquer sur la destination des abonnements des utilisateurs répartis aux artistes, producteurs, compositeurs qu’ils écoutent.
Cette prise de conscience que tout devient possible, en rémunérant équitablement les créateurs de contenus tout en accroissant la rentabilité et l’indépendance financière des plateformes de streaming devrait potentiellement changer leur image et promouvoir une réelle diversité des musiques proposées aux utilisateurs.
(*) Bruno Crolot, directeur général de Spotify France « Nous avons annoncé des évolutions dans notre mode de répartition des royalties. Toutes les analyses qu’on a pu faire montrent que les titres de musique qui ont moins de 1 000 streams par an génèrent quelques centimes par mois. Or, ces centimes, qui représentent des sommes importantes au niveau mondial, ne sont pas reversés aux artistes, en raison des frais liés aux distributeurs et aux labels. On a donc décidé de ne plus reverser de royalties aux titres qui font moins de 1 000 streams par an » le Monde du 27 janvier 2023 interview au Midem.
La commission distribution numérique / Les Allumés du Jazz
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