Les Actualités
Le 28 août 2021, les Allumés du Jazz avaient convié Bernard Lortat-Jacob au premier rond-point organisé depuis 2018. C'était à Cerny, pour le festival Au Sud du Nord. L'ethnomusicologue y avait présenté une vie de travaux sur les musiques de fête méditerranéenes, de Sardaigne, du Maroc, des Balkans, pour ouvrir toutes les perspectives géographiques et musicales sur ce que pouvait bien être cette drôle d'invention qu'on croit souvent si naturel: le concert. Dialoguant avec des inconnus, musiciens, journalistes, passionnés, producteurs, techniciens, cuisiniers, militants, il avait montré une générosité et une curiosité aussi nécessaire que la précision et l'érudition de son propos.
Bernard Lortat-Jacob ne s'est pas retrouvé à Cerny par hasard, et était déjà indirectement présent au catalogue des Allumés du Jazz, à travers ses recherches sur les musiques marocaines et méditerrannéennes qui avaient déjà dialogué avec les productions à haute teneur internationaliste du Fondeur de Son. Rien n'arrive peut-être par hasard, et le chargé de recherche au CNRS, fondateur de la Société Française d'ethnomusicologie, collaborateur de Maurice Fleuret à la direction de la musique du minsitère de la culture dans les années 1980, auteur de nombreux livres de référence, se montrait aussi auteur et interprète de chansons sensibles, qu'on peut retrouver enregistrées dans quatre albums, dont un augmenté d'un DVD.
Bernard Lortat-Jacob nous a quitté le 18 juillet 2024, laissant aux Allumés du Jazz (aussi) une trace forte d'humanité et de présence de musiques pensées et vécues librement.
Photo: Société Française d'Ethnomusicologie
Zurich, le 17 juillet 2024
Chers amis d'Intakt Records,
Irène Schweizer est décédée hier, le 16 juillet 2024, à l'âge de 83 ans, après une longue maladie.
Irène Schweizer nous a rendu heureux avec sa musique et a enrichi le monde du jazz en tant qu'innovatrice importante.
Elle a cofondé le festival Taktlos, le festival unerhört et le label Intakt Records.
Nous pleurons la perte de cette grande musicienne et amie.
Intakt Records
Patrik Landolt, Rosmarie A. Meier, Anja Illmaier, Florian Keller, Fiona Ryan, Ariane Pollo
Irène Schweizer sur le Glob
L’annonce de Spotify (*) de ne pas payer les quelques centimes dûs aux ayants droits totalisant moins de 1000 streams annuels représentent 40 millions de dollars sur l’année avec un objectif de doubler cette somme d’ici 2027 (2023 : chiffre d’affaires 1er trimestre 3,4 milliards euros/ 515 millions utilisateurs annuels dont 210 millions payants, croissance + 100 millions d’utilisateurs par an et objectif 2027 : 1 milliard d’utilisateurs).
Leur projet actuel est d'utiliser cette somme de 40 millions de dollars pour augmenter les paiements des titres éligibles.
Mais d’où viennent ces centimes ?
La question qui revient depuis la naissance du streaming musical est la rémunération très disparate et disproportionnée des artistes, producteurs et compositeurs.
Les revenus générés par les écoutes en streaming sont aujourd’hui répartis aux ayants droit au prorata de leur part de marché, définie en rapportant le nombre d’écoutes générées sur le catalogue de l’ayant droit à l’ensemble des écoutes générées sur le service, selon le modèle dit du Market Centric Payment System (MCPS).
Ce système ne répartit pas le montant de chaque abonnement des utilisateurs aux artistes, producteurs et compositeurs des musiques qu’ils écoutent mais aux ayants droits des titres les plus écoutés : par exemple le montant de l’abonnement d’un utilisateur qui n’écoute que de la musique classique, du jazz, du folk est distribué à d’autres ayant droits : quelques centimes annuels pour les musiques les moins médiatisées, plusieurs millions de dollars pour le top 10 (rap, hip hop…) . Et sans surprise, les plateformes se gardent bien de communiquer aux utilisateurs la destination de leur abonnement.
Un système de répartition devenu obsolète
Une étude du CNM en partenariat avec le cabinet d’audit et de conseil Deloitte réalisée en 2020 et publiée en janvier 2021, relative à l’impact par les services de musique en ligne, qu’aurait un changement de clés de répartition : passage du modèle MCPS actuellement appliqué au modèle UCPS (User Centric Payment System l’utilisateur rémunérant par son abonnement les artistes écoutés sur la période). Les revenus des ayants droits montrent qu’en changeant de système, les moins médiatisées, classique, jazz, métal, hard rock, folk se verraient valorisées, à l’inverse du top 10 et top 100 (rap, hip-hop, rock …).
Auparavant, plusieurs études ont été réalisées aboutissant à des prises de position très contrastées et à des conclusions différentes, voire contradictoires (utilisant différentes méthodologies). La plupart souhaitent continuer à utiliser le système MCPS - ne pas changer - Néanmoins, tous adoptent une vision éthique de l’UCPS, un modèle qui semblerait plus juste et bénéfique pour la filière musicale sur le long terme mais qui provoquerait une hausse des frais de fonctionnement de l’ordre de 2 % à 3 % qu’ils ne veulent pas prendre en charge et qui seraient facturés aux agrégateurs/distributeurs et aux producteurs..
Mais les diverses communications qui ont été faites sur les conclusions de ce rapport ont mis en avant que le gain annuel moyen des musiques les moins médiatisées ne serait que de 10% : quelques centimes finalement, alors qu’en réalité un centime perçu aujourd’hui deviendrait une dizaine d’euros en changeant de système : que çà ne valait pas la peine de changer…
En réalité plusieurs tableaux de cette étude montrent que 10 % des utilisateurs ayant la consommation la plus basse verraient le montant des redevances qu’ils redistribuent augmenter de plus de 3 000 % avec l’UCPS, tandis que 10 % des utilisateurs ayant la plus forte consommation musicale perdraient en moyenne 72 % des redevances qu’ils redistribuent actuellement sous le modèle MCPS.
Dans un autre tableau les « low user » verraient leur redevance augmenter de 7300 % : dans ce cas 10 euros perçus du streaming aujourd’hui par les artistes, producteurs, compositeurs de musiques les moins médiatisées (dites "de niche") deviendraient 730 euros, ce qui leur permettrait d’être une base pour continuer à produire, tout en dynamisant la diversité et la création musicale.
Pour quel projet ?
Le projet actuel de SPOTIFY est d'utiliser cette somme de 40 millions de dollars annuels (collectée sur les streams non payés inférieurs à 1000 ) pour augmenter les paiements des titres éligibles : mais çà sera toujours les mêmes qui vont en bénéficier, accroissant les inégalités.
Nous proposons à SPOTIFY de revoir l’affection de ces centimes en utilisant cette somme pour aider/mettre en avant les titres qui totalisent moins de 1000 streams afin qu’ils dépassent le seuil de 1000 et accèdent à une rémunération : changer de système de répartition et utiliser ces 40 millions de dollars annuels pour financer le passage à l’UCPS et développer des algorithmes qui mettent en avant tous ces oubliés du numérique.
De communiquer sur la destination des abonnements des utilisateurs répartis aux artistes, producteurs, compositeurs qu’ils écoutent.
Cette prise de conscience que tout devient possible, en rémunérant équitablement les créateurs de contenus tout en accroissant la rentabilité et l’indépendance financière des plateformes de streaming devrait potentiellement changer leur image et promouvoir une réelle diversité des musiques proposées aux utilisateurs.
(*) Bruno Crolot, directeur général de Spotify France « Nous avons annoncé des évolutions dans notre mode de répartition des royalties. Toutes les analyses qu’on a pu faire montrent que les titres de musique qui ont moins de 1 000 streams par an génèrent quelques centimes par mois. Or, ces centimes, qui représentent des sommes importantes au niveau mondial, ne sont pas reversés aux artistes, en raison des frais liés aux distributeurs et aux labels. On a donc décidé de ne plus reverser de royalties aux titres qui font moins de 1 000 streams par an » le Monde du 27 janvier 2023 interview au Midem.
La commission distribution numérique / Les Allumés du Jazz
ENGLISH VERSION
Une infolettre de INVIVO Agency à l'occasion des BIS de NANTES les 17 et 18 JANVIER 2024
Un peu d'esprit caustique ne pouvant faire de mal en cette période de bons vœux, deux tendances nous interpellent bigrement en ce début d'année.
D'un côté la diminution "mécanique" du périmètre des tournées, liée notamment à la surproduction exponentielle dans le secteur du spectacle vivant toutes disciplines confondues.
De l'autre une uniformisation des programmations, à mettre en relation avec un rétrécissement des goûts et de la curiosité du public.
Tout ceci à l'aune d'une recomposition de notre paysage où les plateformes de streaming, avec le concours des réseaux sociaux ont rebattu les cartes et façonné un nouveau type de public plus que jamais "consommateur de produits culturels".
On sait le succès des festivals qui montent des affiches toujours plus rutilantes avec des stars aux cachets indécents (le papier explicite cette semaine des Echos, "les Milliards du business des concerts") et le circuit de nos chers centres culturels où les 25-40 ans sont aux abonnés... absents.
Quid de la scène dans cinq ou quinze ans, on est pas sûrs de vouloir savoir.
Certains jours on a l'impression de singer les producteurs laitiers sous dispositif PAC... Une production totalement asservie a un système de subventionnement et qui ne répond plus à aucune réalité sociétale.
Pourrait on revenir a une forme plus organique ? A quand une décroissance assumée également dans notre secteur ?
Le supposé regain de forme du milieu du spectacle vivant, annoncé depuis la fin de la pandémie, est un mirage. Il ne touche qu'une part chaque jour plus minoritaire de la production actuelle, le gros des troupes restant à quai. Seule la Cour des Comptes s'en émeut.
Alors verdir nos pratiques, atteindre une juste parité, appliquer des protocoles efficaces contre les vss, oui ! Mais les tabous subsistent et on aurait apprécié que les Bis qui vont nous rassembler prochainement, osent s'aventurer sur ces territoires moins consensuels qui constituent aujourd'hui les enjeux majeurs de nos métiers.
Le temps n'est pas au "feeling good" tel qu'annoncé dans leur édito. Nous sommes dans une période de recomposition du paysage, et notre actualité est assombrie par une nuée opaque. Il y aurait comme un doute qui plane....
Reste qu'on sera a Nantes les 17 & 18 janvier. On discutera production artistique et tournée pour les curieux que ça intéresse, vous connaissez notre catalogue.
Pour les autres nous montons (oui on vient du Gard ..), avec de nouvelles cuvées (oui on fait pas que du concert...). Des Syrah de 2021, et un assemblage Merlot/Syrah de 2022. Y aura même encore un peu des Grenache 21, cuvée qui nous avait valu la médaille d'or de la camaraderie à JazzAhead l'an passé.
Vins issus de raisin bio, vinifié avec très peu d'entrants et nos mains imparfaites.
On se réjouit en ce début d'année de revoir vos têtes à tous, camarades, amis, frères, confrères, concurrents, apostats, et autres protagonistes enjoués, et alertes.
Stand 312 mercredi soir, 18h.
http://invivo.agency/