Le Syndeac appelle à réimplanter de l'artistique dans les zones pavillonnaires et dans les villages
Publié le 2019-02-01
Temps de lecture : 2 min.
Photo Remy Gabalda. AFP
En 2017, le Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) alertait déjà le président de la République sur la nécessité de réimplanter des artistes dans les zones pavillonnaires et dans les villages. Il réitère aujourd'hui son appel.
"En octobre 2017, les adhérents du Syndicat des entreprises artistiques et culturelles (Syndeac) adressaient une lettre au nouveau président de la République pour qu’un acte II de la décentralisation culturelle soit mis en œuvre. Ils se disaient prêts à leur aggiornamento : l’institution publique de la culture voulait elle aussi être plus proche des questions et des besoins, et proposait une séquence d’innovation dans les lieux publics de la Culture et de nouvelles alliances avec la population.
Cette lettre faisait état d’un nouveau souci, littéralement, nous disions que de nouvelles couches de la population connaissaient le sentiment de leur déclassement, et l’angoisse de voir que la culture, les anciens outils libérateurs, ceux de l’école et de l’art, ne fabriquaient plus pour leurs enfants les éléments de l’ascension sociale ni le sentiment juste que chacun, par ses capacités et quelle que soit son origine sociale, a sa place dans le pays.
Nous étions conscients d’être en butte à de nouveaux enjeux, à de nouveaux reproches aussi. Nous savons que nous sommes pris dans un nouvel étau critique, tantôt nous reprochant d’être élitistes, tantôt nous reprochant d’être trop obsédés par les classes les plus défavorisées, et oubliant de satisfaire la population qui, par son travail et ses impôts, nous permet de travailler.
Bien sûr, ces critiques sont absurdes. Il faut réellement ne pas vouloir savoir ce qui se passe dans nos organisations artistiques pour nous dire que nous ne sommes pas au côté des gens, des travailleurs pauvres ou appauvris, de leurs enfants, par un labeur assidu qui organise les rencontres, l’œuvre commune, les délibérations… Le nier, c’est faire le jeu de ceux qui instrumentalisent le sentiment fondé des habitants devant la perte des outils de leur émancipation, et faire le jeu de ces élus, de ces propagandistes, qui dès lors en appellent à une culture de la satisfaction identitaire.
Nous étions conscients d’être en butte à de nouveaux enjeux, à de nouveaux reproches aussi. Nous savons que nous sommes pris dans un nouvel étau critique, tantôt nous reprochant d’être élitistes, tantôt nous reprochant d’être trop obsédés par les classes les plus défavorisées, et oubliant de satisfaire la population qui, par son travail et ses impôts, nous permet de travailler.
Bien sûr, ces critiques sont absurdes. Il faut réellement ne pas vouloir savoir ce qui se passe dans nos organisations artistiques pour nous dire que nous ne sommes pas au côté des gens, des travailleurs pauvres ou appauvris, de leurs enfants, par un labeur assidu qui organise les rencontres, l’œuvre commune, les délibérations… Le nier, c’est faire le jeu de ceux qui instrumentalisent le sentiment fondé des habitants devant la perte des outils de leur émancipation, et faire le jeu de ces élus, de ces propagandistes, qui dès lors en appellent à une culture de la satisfaction identitaire.
(...)
A l’école des gilets jaunes
Nous n’avons pas pris la parole collectivement sur le mouvement des gilets jaunes parce que nous étions probes. Nous étions nous aussi à l’école de ces personnes, écoutant leur colère légitime, ses contradictions inévitables et ses inventions. Et comme nous tous, nous savons que ce qui se joue là, porté par les habitants, est une séquence décisive de notre histoire. Elle pèsera sur nous tous, si elle est maltraitée. Notre destin s’y joue, en grande partie.
Les adhérents du Syndeac, dans leurs lieux, leurs compagnies, se disent prêts à accueillir tous les débats que voudront organiser les habitants, avec les intellectuels et tous ceux qui se sont déclarés prêts à les accompagner ; ils disent et diront sur les lieux des réunions populaires, sur les ronds-points et ailleurs, qu’ils ont beaucoup à y apprendre, qu’ils veulent partager la difficulté nouvelle des questions, y venir avec ce qu’ils sont : des gens dont la fonction est de travailler à mettre en formules éclaircies, désirables, et libératrices, les points en impasse de notre vie. Et que pour cela, plus que jamais, car pour tout le monde dans ce moment de l’histoire une manière nouvelle de nommer le monde et d’y organiser notre action, doivent être inventées, ils ont besoin des autres, du réel des existences." Marie-José Malis Présidente du Syndeac
Nous n’avons pas pris la parole collectivement sur le mouvement des gilets jaunes parce que nous étions probes. Nous étions nous aussi à l’école de ces personnes, écoutant leur colère légitime, ses contradictions inévitables et ses inventions. Et comme nous tous, nous savons que ce qui se joue là, porté par les habitants, est une séquence décisive de notre histoire. Elle pèsera sur nous tous, si elle est maltraitée. Notre destin s’y joue, en grande partie.
Les adhérents du Syndeac, dans leurs lieux, leurs compagnies, se disent prêts à accueillir tous les débats que voudront organiser les habitants, avec les intellectuels et tous ceux qui se sont déclarés prêts à les accompagner ; ils disent et diront sur les lieux des réunions populaires, sur les ronds-points et ailleurs, qu’ils ont beaucoup à y apprendre, qu’ils veulent partager la difficulté nouvelle des questions, y venir avec ce qu’ils sont : des gens dont la fonction est de travailler à mettre en formules éclaircies, désirables, et libératrices, les points en impasse de notre vie. Et que pour cela, plus que jamais, car pour tout le monde dans ce moment de l’histoire une manière nouvelle de nommer le monde et d’y organiser notre action, doivent être inventées, ils ont besoin des autres, du réel des existences." Marie-José Malis Présidente du Syndeac
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