Un nouvel album de La maison des disques nato : Tony Hymas joue Léo Ferré !
Amitiés différées, amitiés différentes, « amitié » dit Ferré. La musique est un lieu de rencontres profondes en des espaces et des temps aux libres proximités. Pour Tony Hymas, la rencontre avec Léo Ferré a eu lieu « avec le temps », elle est devenu profonde, l'œuvre du chanteur, du poète, du compositeur rejoignant à l'endroit des plus fortes confidences celle du pianiste et compositeur. Il y avait tant d'avant signes : Tony Hymas chroniqueur de la Commune dans son De l'origine du monde ou rhapsode de la Résistance avec ses Chroniques de résistance, Léo Ferré auteur de l' « Affiche rouge », des « Anarchistes », tous deux mettant en musique Baudelaire, tous deux passionnés de Beethoven, Ravel, tous deux porteur d'une traduction poétique du réel, de la vie indispensable.
C’est en 1997, à la Maison de la Radio, qu’ « Avec le temps », fameux titre de Léo Ferré, fait son entrée au répertoire de Tony Hymas. Quelque chose vibre, « Avec le temps » s’installe, s’incruste même, dans le répertoire du pianiste pour ses différents trios. Cette chanson devient même le thème, en 2003, d’une soirée où Mœbius dessine en direct avec le trio. À Dominique Queillé dans le journal Libération, il confie : « C’est une magnifique pièce au piano comme la Sonate au clair de lune, de Beethoven, ». Hymas l’enregistre finalement en 2011 dans son album en trio Blue Door avec les Bates Brothers. « Avec le temps », un fragment qui va rejoindre la poésie ouverte du pianiste pour une histoire forte.
Le sens intime de l’œuvre de Ferré questionne Tony Hymas. Il écoute, il cherche doucement dans l’immense répertoire.
En 2015, des proches de Ferré lui demandent de participer à un concert où s’expriment principalement des chanteurs. Le piano devra chanter donc. Il bouleverse alors l’assistance par une suite de 20 minutes de titres de Léo Ferré. L’univers du chanteur fascine de plus en plus le pianiste qui se plonge dans la signification des textes, leur relation avec la musique, leur intensité éclatée. L’enjeu est là, le seul piano devra tout traduire. Une seconde suite voit le jour qui provoque le même enthousiasme. Puis une troisième pour une troisième présentation publique. L’enregistrement de ce récital s’impose.
Léo Ferré admirait Ravel, le voilà pleinement perçu comme compositeur, de musique et de mots, de musique donc. De langage !
Tony Hymas joue Ferré, un album qui offre toute la lumière sur la force combinée pour un seul instrument de la musique et de la poésie et qui devrait, comme l’a dit un de ses premiers auditeurs, « ravir tous les amoureux du piano au sens le plus large, ceux qui aiment ses grands voyageurs : Keith Jarrett, Glenn Gould, Paul Bley, Brad Mehldau, Martial Solal, Maria João Pires, Giovanni Mirabassi ou Bill Evans ».