FÊTE DE LA MUSIQUE NUMÉRIQUE, SOCIÉTÉ GÉNÉRALE... CYBERACTION

Publié le 2020-06-18
Temps de lecture : 2 min.
Les Allumés du Jazz
FÊTE DE LA MUSIQUE NUMÉRIQUE, SOCIÉTÉ GÉNÉRALE... CYBERACTION
Les Allumés du Jazz

Aujourd’hui, la Société Générale se vante de son engagement pour une économie décarbonée pour mieux masquer les investissements massifs dans l’extraction extrêmement polluante de gaz de schiste. Leur mécénat et apparente philanthropie dissimulent des politiques de défiscalisation outrancières, comme la création de sociétés offshore dans des paradis fiscaux, et l’investissement dans de grands projets inutiles et écocides.

La banque a par exemple financé un complexe d’exportation de gaz de schiste de 20 milliards de dollars au Texas : le terminal Rio Grande LNG et le double gazoduc Rio Bravo Pipeline. Ce projet est une menace pour la biodiversité, pour la santé et la sécurité des habitant·e·s, pour le droit des peuples autochtones et les formes de vies locales.

Le Conservatoire de Paris a proposé à ses étudiant·e·s de réaliser des vidéos de leur travail pour une “fête de la musique numérique” sur la chaine youtube de la Société Générale afin de remercier ce généreux donateur.

Nous, jeunes artistes, refusons de participer à l’élaboration de cette vitrine de cristal. Plusieurs musiciens, musiciennes, danseurs et danseuses, choqué·e·s de cette proposition, ont décidé de répondre en envoyant de nombreuses vidéos à caractères révolutionnaires sur la page dédiée.

Qu’il soit bien clair que nous ne nous en prenons pas aux étudiant·e·s qui, dans le besoin, ont accepté à contrecœur les bourses “sociales” distribuées par des mécènes pollueurs durant la période de confinement.

Nous nous attaquons aux capitalistes, banques et autres pollueurs qui se servent de la pauvreté étudiante pour s’acheter une image de bienfaiteurs. Nous nous en prenons également au Conservatoire qui, au lieu de remplir son rôle de lieu d’apprentissage, nous livre en pâture aux fondations privées. Enfin, le financement des pratiques artistiques a nécessairement des impacts sur le contenu esthétique. Le capitalisme vit d’une exploitation relationnelle à vocation économique à toutes les échelles : biologique, animale, sociale, affective, productive. Quoi donc de plus beau pour les acteurs du capitalisme que des pratiques artistiques totalement numériques réalisées seul chez soi.
L’art nous rappelle à notre courage et notre humanité. Contre les grands mythes de notre civilisation moderne, du capitalisme et de sa croissance infinie, de « la fin de l’histoire », les artistes apportent une dimension essentielle à nos luttes et à nos histoires collectives : la puissance de l’imaginaire.

Sans mêler l’art et les artistes à nos luttes, comment construire un avenir désirable et trouver la force de combattre nos sociétés mortifères ? Mais comment prétendre à la pratique d’un art émancipateur lorsqu’il est financé (études, projets, concerts, festivals) par des banques et multinationales responsables du désastre écologique et social en cours ?
Les temps ne sont plus aux compromis, aux engagements de façade, ni aux pétitions de bonne conscience.

Nous voulons vivre nos arts en accord avec l’ensemble du vivant. Il est temps de faire un pas de côté ; de se réinventer, de penser en dehors d’un cadre qui se prétend immuable. Nous ne laverons pas la vitrine du capitalisme. Et bien qu’il est de plus en plus difficile de vivre convenablement de nos pratiques artistiques, nous refusons de plier à un chantage financier, où notre image et nos musiques serviront à redorer l’argent du désastre.

Désintoxiquons notre monde, désintoxiquons nos arts.

A RETROUVER SUR DESARTOXICATION

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