Groupe / Band
RED
Musiciens / Musicians
Bertrand Belin, Philippe Tessier
Label(s)
BISOU
LIVRE/DISQUE
Il fallait voir nos têtes, c’était l’an 2000 et l’Apocalypse, finalement pas tout de suite. En lieu et place, nous reçûmes FELK, premier album de Red, un disque vert comme la rouille quand même la rouille n’en peut plus , vert comme une forêt noire, vert comme la peur. Une voix de deuil y psalmodiait à la façon d’un fauve léchant ses plaies des chansons d’alcool et d’accidents d’auto, pendant qu’une guitare cubiste dans un essaim de frelons électroniques, la conne, tirait la langue. On croyait reconnaître Charley Patton Derek Bailey, Oval et Autechre, et David Grubbs lui-même s’en trouvait sidéré, disait-il, comme à la première écoute de Captain Beefheart ou des Basement Tapes du Band à Dylan. Le disque, home-made, finissait à table, égayé soudain par des gazouillis d’enfant et le spontané monologue émerveillé de la fille ainée. Jamais nous n’entendimes un disque voir ainsi la lumière s’allumer soudain, à deux doigts de sa conclusion. Entendre aujourd’hui Margot Lambin reprendre son texte à la virgule près, d’une voix d’adulte, en ouverture de ce FELK MOON inattendu émeut comme retrouver Twin Peaks après 25 ans de vide. FELK MOON (comme HARVEST MOON , sourit l’auteur, roi divertissant du concept espiègle) à la fois suite, remake et protubérance est un geste génial, une réflexion tordue sur le temps qui passe et un foutu disque de rock n’roll sans rock n’roll. Moins hagard et violent que Felk mais tout aussi étrange, il en reprend le vocabulaire (blues en miettes et bleeps, chant de coyote et poésie fritée) avec une douceur neuve justifiant son titre. Au soleil noir inaugural succède une excentricité lunaire, blafarde et souriante, accueillante même (ici ou là, Bertrand Belin chante et violonne, Philippe Tessier crache un saxophone). C’est un disque de funk roux envisagé comme de la folk music, de soul tranquillement dissonante grêlé d’électronique, numérotant ses abattis avec la grâce sereine de qui en a vu déjà et qui sait qu’il est vulgaire de pleurnicher. C’est un disque généreux jusque dans ses migraines, curieux, intempestif, chanté dans un anglais aussi délabré que son solfège, frappé de part en part de beautés louches, illuminations cosaques et torsions diverses. Il sort sur BISOU records, en 500 exemplaires chacun dessiné à la main et c’est la bonne nouvelle de cet automne.
5Red (voc, g, elg), Bertrtand Belin (voc, b, vln), Philippe Tessier (ts).
Pistes Audios :
1) Introducing the Basement / Bunch of Teens - 3’57
2) We almost lost Detroit -5’40
3) The Day D. Bowie died I was Listening D. Freel - 3’58
4) The Ex Lover Doppler Effect - 5’59
5) I'm Weird - 4 ’35
6) Old Friend - 5’00
7) I'm fucking small - 3’22
Pistes Audios :
1) Introducing the Basement / Bunch of Teens - 3’57
2) We almost lost Detroit -5’40
3) The Day D. Bowie died I was Listening D. Freel - 3’58
4) The Ex Lover Doppler Effect - 5’59
5) I'm Weird - 4 ’35
6) Old Friend - 5’00
7) I'm fucking small - 3’22