Artistes / Artists
Daniel Humair
Musiciens / Musicians
Daniel Humair, Emile Parisien, Jérôme Regard, Vincent Peirani
Label(s)
LABEL LABORIE
Le 12 août 2011, nous découvrions le tout nouveau quartet de Daniel Humair pendant le festival "Jazz à La Tour" (La Tour d’Aigues - Vaucluse). La formation n’avait que quelques concerts à son actif et Daniel Humair se remettait tout juste d’une fracture de... l’humérus survenue un peu plus de deux mois auparavant. Ce n’est pas une équipe de bras cassés, on peut vous le dire : ils nous ont subjugués. Demandez à notre ami-rédacteur Jean Buzelin : il a pris deux "coups de chaud" ce jour-là, le midi à cause du soleil et le soir avec ce quartet (tout va bien pour lui, qu’on se rassure !).
Certes, ce soir-là, c’est Jean-Paul Celea qui était à la contrebasse. Il est aujourd’hui remplacé par Jérôme Regard qui nous épate autant dans ce contexte que l’équipe de Folmer dans le disque évoqué ci-dessus. Celea est aujourd’hui mobilisé par son trio "Yes Ornette !" dans lequel il a embauché le même saxophoniste stratosphérique, Émile Parisien (On en reparlera un peu plus tard).
Et voilà donc la galette toute fraîche à la sauce aigre-douce (Sweet & Sour) qui marque l’entrée officielle de Daniel Humair dans le "team" du label Laborie. On notera d’ailleurs que ce disque marque une inflexion de la politique du label initialement concacré à la jeune génération des jazzmen fançais et européens qui s’ouvre aujourd’hui à des musiciens de renom donc un poil plus âgés.
Ce qui tranche dans ce disque, si on le compare aux précédents opus du batteur, c’est la présence de l’accordéon de Vincent Peirani qui réussit l’exploit (effet rebond ?) d’entraîner le batteur-leader sur son terrain jusque dans les recoins du swing musette où on n’attendait pas vraiment le peintre genevois qui valse comme pas deux (7A3) jusqu’à tourner free...
Et puis il y a Émile Parisien, l’as du soprano qui passe avec le même enthousiasme de son propre quartet aux projets de ses "maîtres" (Humair, Celea...). Avec son phrasé en dents de scie, il déplace les montaganes et les conventions, se trémoussant du bec, les doigts dans les courants d’air de son tuyau rectiligne. Chez Émile Parisien, la gestuelle est vraiment une composante de l’expression. Tout fait sens. Écoutez Oppression, sa magnifique composition où il chemine pas à pas avec Vincent Peirani. Copains et complices et vice-versa qui poursuivent l’échange dans Shuberthauser, composition du second. Là-dessus, Daniel Humair brode une dentelle percussive en parfaite harmonie avec Jérôme Regard.
Nous vous épargnerons le descriptif détaillé de chaque morceau. Le mieux est d’écouter ce disque afin de réaliser que vous ne pourrez vraiment pas vous en passer. Vous serez mis dans l’ambiance tout de suite par le thème très contrasté emprunté à la saxophoniste Jane Ira Bloom, A Unicorn in Captivity. Un passage obligé devant la Licorne pour percer les secrets d’un très bel album concocté avec malice par une équipe de mages musiciens, interprètes remarquables et improvisateurs redoutables. Du grand art, vraiment !
- Culture Jazz