Artistes / Artists
Battista Lena
Label(s)
LABEL BLEU
Dès les premières mesures de la farandole endiablée qui ouvre le disque, on se retrouve happé par le charme inimitable d'une musique terriblement italienne. On pense aussitôt à Nino Rota bien sûr, c'est immanquable, d'autant plus que la plupart des compositions jouées ici furent écrites à l'origine pour le cinéma, Battista Lena, l'instigateur du projet, se trouvant intimement lié à un certain nombre de jeunes réalisateurs italiens. Pourtant, si Rota s'impose, on le comprend vite, c'est finalement moins comme référence directe que parce que Lena, à l'instar de son glorieux aîné, est allé puiser à la source, aux racines les plus populaires de la musique italienne. Et ce en associant à l'élégance sophistiquée d'un sextette de jazz où brille le soleil noir de la trompette d'Enrico Rava ces fameuses bandas, formations de quartier monstrueuses aux effectifs pléthoriques et à l'orchestration improbable, hybride et grossièrement dualiste : une ribambelle de flûtes et de clarinettes, légères et primesautières, venant s'étayer et comme prendre leur envol sur la gravité sombre et pesante d'une armée de cuivres, trompettes, trombones et tubas en force...
Il y a là une sonorité à nulle autre pareille, hirsute et dissonante ; une grâce maladroite, une sorte de légèreté balourde, de déséquilibre constant qui engendre cette "pompe" rythmique si caractéristique, à la fois gaie et dansante, de fanfare déjantée entraînée malgré elle dans une course folle par sa propre inertie...
L'écriture de Lena est alerte, vive ; sa façon d'aborder la tradition, de la prendre à bras le corps et de jouer avec ses codes, particulièrement séduisante. Au-delà de Rota, Lena remonte ainsi jusqu'aux racines du bel canto dont ces orchestres sont nourris. On est plongés là au coeur du génie italien, dans cette douce confusion des sentiments, là où ça rit, pleure et chante dans le même mouvement, entre légèreté ironique et sentimentalisme exacerbé... Rava, figure majeure et consciencieusement sous-estimée du jazz européen, vient jouer les solistes particulièrement inspirés, la fragilité incisive de sa trompette tranchant sur les effets de matière granuleux des énormes masses sonores de la banda... C'est magnifiquement théâtral, avec un dramatisme assumé, un pathos qui ne s'appesantit jamais et se métamorphose en mélancolie joyeuse, celle qui saisit quand la vie est douce. LesInrocks
1 - Banda B
2 - Il Girande Cocomero
3 - Stabat Mom
4 - Roma Ovest 643
5 - Il Valzer Del Povero
6 - Ferie Diagosto
7 - Mermaid
8 - Valzers
9 - Tema Di Petro E Ghisola
2 - Il Girande Cocomero
3 - Stabat Mom
4 - Roma Ovest 643
5 - Il Valzer Del Povero
6 - Ferie Diagosto
7 - Mermaid
8 - Valzers
9 - Tema Di Petro E Ghisola