À 82 ans, Philippe Carles nous a quitté. Tout ce que le monde du jazz compte d'allumés a bien connu ou connait bien ses écrits ou sa voix, par la revue Jazz Magazine dont il fut chroniqueur avant d'en devenir le rédacteur en chef en 1971, ses dictionnaires du Jazz avec André Clergeat et Jean-Louis Comolli ou avec le même Comolli, le fameux Free Jazz Black Power, ou bien par les émissions qu'il anima sur France Musique pendant plusieurs décennies, véritable ouverture sur un monde aujourd'hui à la peine. Les Allumés du Jazz a leur naissance avaient rapidement eu droit à un encart spécial dans Jazz Magazine. Philippe Carles était interviewé dans le n°4 du journal Les Allumés du Jazz. Dans le n°18, il répondait également à la question de Jean-Jacques Birgé reprenant les mots de Brigitte Fontaine de Opération Blow Up de Un Drame Musical Instantané.
Un Drame Musical Instantané: "Serait-ce le sillon où se grave la vierge ou le microsillon poussiéreux des concierges ? ":
Philippe Carles, journaliste
"Jacques Réda, je m'en souviendrai toujours, avait imaginé (rêvé) que la musique pût être diffusée sous forme de comprimés effervescents à faire dissoudre dans un verre d'eau... Mais franchement, quelle importance ? J'ai adoré les microsillons et leurs pochettes riches d'images et d'informations (sans quoi tout un pan de ma "culture" eût été inexistant). Il m'est même arrivé, avec Comolli, d'acheter des 78-tours dans une boutique condamnée à s'adapter aux "nouvelles" normes phonographiques - j'ai échappé aux cylindres, mais j'ai eu l'occasion d'écouter avec délectation, chez un collectionneur fortuné, un piano mécanique actionné par du carton ayant été perforé par Scott Joplin. De mon meilleur ami, amoureux fou du jazz et des grandes heures de Blue Note, j'ai hérité une incroyable collection de cassettes sur lesquelles il avait copié tous les pressages originaux et autres collector's items dont, pour cause de marasme économique, il avait dû se dessaisir. Comme (presque) tout le monde, je me suis converti au compact disc - d'autant qu'à France Musique on n'est jamais sûr que le studio sera équipé d'une platine à 33-tours. Pendant des décennies, la radio a été ma principale pourvoyeuse de découvertes et d'émotions musicales, et d'informations tous azimuts. Pour satisfaire certaines boulimies monomaniaques, j'ai mendié des copies démissions et/ou de concerts, sur cassette ou cd. Parfois même, le désir effréné d'en entendre davantage m'a amené à acheter ces enregistrements qu'on dit "pirates" puisque leur acquisition équivaut à du recel, les musiciens étant les principaux volés... Autant l'avouer, donc : peu m'importe le flacon... Le reste participerait plutôt des progrès (?) de l'électroménager et de son corollaire, la loi du moindre effort."
Par quelques allumés, à lire également :
Sur le Glob de nato : "Philippe Carles"
Sur le blog de Jean-Jacques Birgé : "À la mémoire de Philippe Carles"