Artistes / Artists
Laurent Dehors, Matthew Bourne
Label(s)
EMOUVANCE
En dépit de ce titre paradoxal et malicieusement trompeur, la musique de ce duo étrange autant qu’étranger n’a strictement rien à voir avec le tube éponyme des années 60/70, au fredon persistant dans les mémoires collectives. Pourtant Dehors aime travailler sur les transversalités, déjouer les musiques populaires. Après son essai transformé sur l’opéra, on pouvait penser qu’il allait détourner les chansons d’amour justement, ces belles mélodies connues, attachantes. Car, le populaire, il aime ça et il avoue volontiers que « l’amour est un truc qui m’emporte, me fait décoller, me fend le cœur ». Sur ce point, on est de tout cœur avec lui, d’ailleurs. Mais sachez que ce diable d’homme et ce formidable musicien n’est jamais où on l’attend. Et puis, il a signé avec Emouvance, ce label indépendant exigeant qui encourage des musiques qui ne sont ni jazz, ni rock, ni même des musiques trad, mais parfois un peu de tout ça, qui s’intéresse au trio de Chemirani, à Daunik Lazro, au doudouk de Gaguik Mourakian, aux monodiques d’Araïk Bartikian , aux variations pianistiques sur Lennie Tristano. Consultez le catalogue du label sur son site, vous serez édifiés !
Je me souviens avoir entendu, pour la première fois, l’Anglais impassible Matthew Bourne sur la Grand place de Bruxelles avec le Trio Grande de Dehors, Debrulle et Massot. Surprise de l‘intensité tranquille de ce pianiste, avec quelques notes attrapées en vol, aussi saillantes que limpides. Avec Laurent Dehors, ils se tiennent sur le fil, étranges sont leurs échanges, parfois en phase, parfois décalés. La douce folie de l’un plaît à la démesure de l’autre ! « C’est vraiment quelqu’un qui, quand on est ensemble me met en état de vibration » dit Laurent Dehors de son complice. Chansons, chansons qui évoquent l’amour mais sans paroles, des pièces courtes en général, pas faciles, des formes ciselées qui tiennent compte de passages improvisés. Tout en creusant toujours plus avant le mystère de l’improvisation, entre opacité, stridence insupportable (« Scotch missed ») et transparence destructrice. Pour Dehors, au contact du pianiste qui sait dompter le silence, l’heure est venue d’un certain dépouillement. Il avoue changer au contact de son camarade de jeu dans les « liner notes » constituées de l’entretien mené avec intelligence par JP Ricard. Chaque instrument se détache précisément, souffle ou son des cordes pincées, le pianiste jouant une note seule qui impulse la forme, dans une répétitive obsession ou cascadant allègrement dans un phrasé romantique. Tous deux arrivent à affiner le dosage de leur musique singulière et duelle, qui ne ressemble à aucune autre, qui semble dans l’espace, en suspens, se dressant en une fragile architecture minimaliste ; ils bâtissent cette suite en équilibre instable, état quasi impossible à obtenir entre les êtres, dans ces chansons d’amour qui finissent mal en général. Chacun respire pleinement, jamais étouffé par l’autre. On se laisse entraîner, parfois, on n’y comprend rien, comme en amour mais le cœur bat plus vite et c’est bien.
Sophie Chambon
Je me souviens avoir entendu, pour la première fois, l’Anglais impassible Matthew Bourne sur la Grand place de Bruxelles avec le Trio Grande de Dehors, Debrulle et Massot. Surprise de l‘intensité tranquille de ce pianiste, avec quelques notes attrapées en vol, aussi saillantes que limpides. Avec Laurent Dehors, ils se tiennent sur le fil, étranges sont leurs échanges, parfois en phase, parfois décalés. La douce folie de l’un plaît à la démesure de l’autre ! « C’est vraiment quelqu’un qui, quand on est ensemble me met en état de vibration » dit Laurent Dehors de son complice. Chansons, chansons qui évoquent l’amour mais sans paroles, des pièces courtes en général, pas faciles, des formes ciselées qui tiennent compte de passages improvisés. Tout en creusant toujours plus avant le mystère de l’improvisation, entre opacité, stridence insupportable (« Scotch missed ») et transparence destructrice. Pour Dehors, au contact du pianiste qui sait dompter le silence, l’heure est venue d’un certain dépouillement. Il avoue changer au contact de son camarade de jeu dans les « liner notes » constituées de l’entretien mené avec intelligence par JP Ricard. Chaque instrument se détache précisément, souffle ou son des cordes pincées, le pianiste jouant une note seule qui impulse la forme, dans une répétitive obsession ou cascadant allègrement dans un phrasé romantique. Tous deux arrivent à affiner le dosage de leur musique singulière et duelle, qui ne ressemble à aucune autre, qui semble dans l’espace, en suspens, se dressant en une fragile architecture minimaliste ; ils bâtissent cette suite en équilibre instable, état quasi impossible à obtenir entre les êtres, dans ces chansons d’amour qui finissent mal en général. Chacun respire pleinement, jamais étouffé par l’autre. On se laisse entraîner, parfois, on n’y comprend rien, comme en amour mais le cœur bat plus vite et c’est bien.
Sophie Chambon
Matthew Bourne (p), Laurent Dehors (cl).
1 – 2666
2 – Crumb(s)
3 – Le Bossu de Rossignol
4 – BDK teme
5 – One
6 – Mist I
7 – A propos
8 – La vie en rose
9 – Triste
10 – Two
11 – Last Take
12 – Scotch Missed
13 – Les Petits Escaliers
14 – Three
15 – Mist II
16 – Thrown
17 – Don't Look at me : I'm a Beautiful Girl
Durée : 58'14
1 – 2666
2 – Crumb(s)
3 – Le Bossu de Rossignol
4 – BDK teme
5 – One
6 – Mist I
7 – A propos
8 – La vie en rose
9 – Triste
10 – Two
11 – Last Take
12 – Scotch Missed
13 – Les Petits Escaliers
14 – Three
15 – Mist II
16 – Thrown
17 – Don't Look at me : I'm a Beautiful Girl
Durée : 58'14