Groupe / Band
General Elektriks
Musiciens / Musicians
Eric Starczan, Hervé Salters, Jessie Chaton, Jordan Dalrymple, Norbert Lucarain
Label(s)
LABEL BLEU
General Electrics -
“Il était une fois, il y a bien longtemps, dans un royaume enchanté, une petite ligne de basse bien ronde ” Entamé sur l’air du conte musical, cet album tient beaucoup du disque pour (grands) enfants : spécialiste confirmé des claviers vintage (ces bons vieux Hammond et Rhodes), Hervé Salters joue ici à l’homme-orchestre délirant. […]
"Il était une fois, il y a bien longtemps, dans un royaume enchanté, une petite ligne de basse bien ronde " Entamé sur l'air du conte musical, cet album tient beaucoup du disque pour (grands) enfants : spécialiste confirmé des claviers vintage (ces bons vieux Hammond et Rhodes), Hervé Salters joue ici à l'homme-orchestre délirant. Lui qui, jusqu'alors, s'est surtout consacré aux autres ? il a accompagné M, Femi Kuti et fricote avec le possee hip-hop de DJ Shadow, Quannum ? s'arroge ici une jubilatoire liberté, celle de suivre uniquement une inspiration aussi funky que flâneuse. Carnet de voyage détourné ? il a été enregistré sur trois années, entre Paris, Seattle, San Francisco et Berkeley ?, Cliquety Kliqk ressemble aux dessins réalisés dans la marge par un élève faussement dissipé.
Bien décidé à camoufler ses centres d'intérêt musicaux en utilisant un filtre poético-ludique, le Français évite de s'adonner à un malheureux exhibitionnisme. Au contraire, c'est l'amateur de tours de prestidigitation, de bricolages culottés qui prend le pas sur le virtuose sommeillant en lui. Loin des effets tape-à-l'oreille, sa préoccupation principale semble être de donner vie et chaleur à ses chansons absurdes (Tu m intrigues), ses sketches instrumentaux. Une main se baladant sur son clavinet, l'autre pianotant sur le clavier de son ordinateur ou rapprochant le micro de ses cordes vocales ? son chant est limité mais séduisant ?, General Electrics se transforme ainsi en un vrai caméléon. Ses couper-coller organiques lui permettent de concurrencer Air (Frost on Your Sunglasses), de poursuivre les travaux déconnants de Jean-Jacques Perrey ou de tutoyer le Herbie Hancock des années 70 influencé par Sly Stone. Mais on le sent surtout à l'aise dans le hors-piste malin ou le cache-cache compulsif. Une réussite transversale, rigolarde et personnelle due à un cousin putatif de Money Mark.
Vincent BRUNNER
http://www.lesinrocks.com/musique/critique-album/cliquety-kliqk/