Edito Grands Formats
Publié le 2018-03-27
Temps de lecture : 2 min.
ET LE RESTE DU MONDE...
Si nous nous efforçons à façonner cette fédération autour d’une construction collective bienveillante et de représentation d’intérêts communs, nous apportons aussi une grande vigilance à notre rapport au reste du monde, à la place de nos musiques dans la cité. En particulier dans le rôle de nos fédérations (je pense aux fédérations et regroupements autour du jazz, des musiques improvisées, des musiques créatives, contemporaines, du monde …), nous devons appuyer là où nos musiques apportent du bonheur et de l’intelligence, localement, en France, en Europe et dans le monde, aussi en dehors des chemins balisés pour elles.
Si la plupart d’entre nous faisons vivre nos musiques aussi dans des lieux qui ne leur sont pas toujours destinées, les prisons, les écoles et bien des endroits, il me semble que notre présence dans les moments de débats et de constructions de nos sociétés sont importants, nous nous y attelons et il demeure des ouvertures à créer, des esprits à rencontrer. La musique fait bouger les lignes et représente un lieu de liberté, de création et de diversité, les endroits de culture et de reflexions politiques n’ont pas toujours intégré cette dimension.
Je me suis retrouvé ces deux dernières années, dans le cadre d’un accompagnement de « Spectacles Vivants en Bretagne » à l'internationnal, invité à participer aux rassemblements de l’IETM, réseau international des arts de spectacle contemporain. Dès ma première participation à ces regroupements, de grands sujets étaient évoqués, politiques, sociologiques, artistiques (Comment la culture peut concrètement contribuer à intégrer les migrants, leur donner une pleine place de citoyen? La mobilité des artistes à l’internationnal ? Les femmes et les hommes dans leurs différences ? etc …). J’étais alors le seul et unique musicien parmi la centaine d’artistes présents et les 500 personnes acteurs de la culture, élus, sociologues etc … (d’ailleurs, au moment de s'inscrire, on pouvait cocher les items comédien, plasticien, metteur en scène, danseur, chorégraphe etc … mais point de musicien). Pourquoi cela ? Ne sommes nous pas capables de porter la voix de la musique face à ces problématiques? Ne sommes nous pas concernés ? La musique n’aurait-elle plus sa place dans les grands moments de débats et de construction?
J’ai contribué depuis plusieurs fois à ces rassemblements. J’y ai tissé quelques liens avec des lieux, villes, festivals en Europe qui pour certains accueillaient de la free musique dans les années 70 mais qui aujourd’hui s’orientent vers d’autres formes d’arts. Ceci n’est qu’un exemple, je souhaitais simplement faire part de cette nécessité pour la musique aujourd’hui de faire vibrer ses contemporains, aussi en dehors des réseaux dédiés indispensables et précieux. Toutes les initiatives qui vont dans ce sens, localement, nationalement et internationalement sont essentielles.
Christophe Rocher
Chef d'orchestre de l'Ensemble Nautilis et membre du CA de Grands Formats
