N° 8 Les aventures de Stéphane en Amérique Massachusett dreaming
Les Mexicains, qui sont des gens raisonnables (souvenons-nous d’Emiliano Zapata), ont élaboré au fil des siècles une alimentation qui permet aujourd’hui aux intolérants au gluten dont je fais partie de goûter à une multitude de leur spécialités culinaires, parmi lesquelles les Nachos Supreme dont je me suis régalé il y a deux jours au Coplake’s Dad Diner, à la sortie de la Taconic State Parkway, sur la route 217, entre Philmont et North Hillsdale (deuxième à droite après le château d’eau).
J’ai aussi découvert il y a peu les Totopos de Maiz, que j’aime beaucoup : trempées dans une sauce Hot Chunky Salsa par exemple, c’est plutôt délicieux ; légèrement adoucie avec de la Smooth Dip Ranch, c’est même carrément terrible, et si on a l’opportunité de faire descendre ces chips de maïs avec des rasades de Tequila Cuervo Especial, ça fait presque mal tellement c’est bon. Surtout, surtout quand en fond sonore la stéréo diffuse «She », un titre de Gram Parsons interprété par le duo Chrissie Hynde/Emmylou Harris.
Ou alors « Write a Letter », tiens, de Molly Venter : on peut vite se mettre à imaginer des trucs un peu dingues à propos de l'amour, l'Amérique et tout le tintouin, à l'écouter le cul carré au fond d’un canapé.
Je viens de me servir un café, tout en montant le son de « Are you there (with another girl) » de Dionne Warwick et, installé au coin du poêle, la chaîne des Berkshires en ligne de mire juste derrière la baie vitrée, réfléchissant à la prochaine phrase que je vais écrire, j’avoue être saisi d’un léger vertige…
Hier après-midi, je suis allé faire un petit tour dans le Massachusetts, à quelques miles d’ici, juste pour voir si j’allais me perdre pour toujours dans les forêts du Mont Washington. Or, ayant loupé l’embranchement de la route 41, j’ai décidé de poursuivre ma trajectoire sur la 23, dans les bois et les collines jusqu’à Great Barrington, d’où j’ai pu envoyer quelques méls, boire l’espresso le plus corsé de ma vie et écouter les Beattles, tout cela en seulement quelques minutes ; « à l’Américaine », si vous voyez ce que je veux dire.
Great Barrington est une commune d’autant plus charmante que, outre le fait qu’elle soit située dans un coin sacrément joli, comme on dit, elle nourrit en son sein un mouvement Occupy Wall Street très actif, qui organisait son deuxième dimanche de protestation non loin du Town Hall, rassemblement auquel j’ai pu participer en tant que Français de service. Le genre de Français qui a des nouvelles fraîches de New York, si vous voyez ce que je veux dire.
Car, tandis que le long de Main Street les automobilistes klaxonnaient pour nous manifester leur approbation, je faisais mon révolutionnaire professionnel en discutant carrément au téléphone avec Alexandra Schwartz qui était dans je ne sais quel coin de Manhattan, des suites à donner au mouvement ! C’est pas la vie en cinémascope ça ?
Sans déconner, je ne sais pas où je vais m’arrêter !
Jeudi à 5.00 pm, il y a une marche de protestation en ville ; si j’y vais, il va se passer quoi ? Un truc forcément terrific, dude ! Genre, dans 15 jours, on marche sur Washington ? Dans trois mois la révolution mondiale est en cours ? Et avec un peu de bol, on passe l’été prochain à se rôtir le cul sous les cocotiers !
Si j’ajoute que mon ami Eddy Goldberg m’a offert de rester une semaine de plus dans sa maison de la vallée de l’Hudson pour y travailler, tout en m’incitant – comme tout le monde – à agrandir les formats de mes peintures, ça donne une idée des forces telluriques qui secouent mon univers.
Moyennant quoi je me suis remis à dessiner avant-hier.
Et à peindre hier. Uniquement en noir pour l’instant. Mais aujourd’hui je passe au rose.
Je me demande si je ne vais pas mettre un peu de jaune aussi.
Stéphane