KLANGFARBEN - Monologue de Schönberg - Variations sur une collection de timbres (Ref. MJB 017-018 CD)

Publié le 2012-10-01
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Les Allumés du Jazz
KLANGFARBEN - Monologue de Schönberg - Variations sur une collection de timbres

Artistes / Artists
François Cotinaud

Groupe / Band
FRANCOIS COTINEAUD

Musiciens / Musicians
François Cotinaud, Andrew Crocker, Deborah Walker, Emmanuelle Somer, Florent Thiant, François Choiselat, Françoise Purnode, Julie Salgues, Luis Vina, Marie-Laure Caradec, Philippe Cornus, Valentine Quintin, Yves Robert

Label(s)
MUSIVI / JAZZBANK

"Le monologue est souvent le mélange de paroles intentionnelles avec le désordre de l'intime.
Le public est voyeur de l'intime, et assiste aux ferments de la genèse d'une oeuvre. « L'art n'est pas pour tout le monde », extrait d'une conférence d'Arnold Schönberg que j'ai repris dans mon Monologue, fait débat. Je suis en désaccord avec lui sur ce point ; mais il y a du vrai là-dedans, tant je suis déçu par le manque de curiosité du public pour l'audace lorsqu'elle est talentueuse.
Dans ses écrits et ses conférences (cf. « Le Style et l'Idée » 1977 Buchet/Chastel), Schönberg se montre attentif, si ce n'est préoccupé, par la critique, le public, l'accueil de ses pairs.
Le Monologue que j'ai imaginé retrace symboliquement la vie d'un homme, traversé par une actualité ô combien violente - deux guerres mondiales, la Shoah, une crise économique -, dont le travail est tantôt démonstratif, tantôt inspiré, génialement novateur, ou teinté de nostalgie pour le romantisme.
Schönberg a toujours revendiqué sa filiation avec les grands maîtres classiques. Pour ce qui est de l'improvisateur, aujourd'hui, imprégné inévitablement de toutes les étapes qui ont conduit le jazz jusqu'au soundpainting, il ne peut se passer du socle que constituent de grands compositeurs du XXème siècle : Claude Debussy, Arnold Schönberg, Igor Stravinsky, John Cage, Georges Aperghis, Luciano Berio, György Ligeti, Helmut Lachenmann et tant d'autres …
Mais la musique improvisée, dans sa folie, sa verve, sa puissance expressive, apporte ce que la musique écrite ne parvient pas à atteindre : une fraîcheur vivifiante.
Ce n'est pas nouveau. Schönberg partait volontiers en guerre contre cette opposition entre la « musique savante » et la musique spontanée, mais défendait l'idée de perfection de l'oeuvre, son élaboration logique et maîtrisée : « Vous n'avez aucun sens de l'harmonie » aurait-il dit à son élève Cage pour le sanctionner.
Le soundpainting est un langage de traverse entre cette spontanéité et une démarche conceptuelle. Avec ses mille signes et des milliers de combinaisons, il peut convoquer une construction préméditée - dite « palette » -, tisser des liens entre le langage du corps et la musique, ou susciter la sensibilité et les idées foisonnantes des performers, qui, par conséquent, ne sont pas dépossédés du drame en cours.
Je n'oppose pas vraiment Cage à Schönberg. Ce sont successivement des « ouvreurs de possibles », chacun en leur temps et je leur rends ici à ma manière un hommage sincère.
John Cage - et avec lui Earle Brown, Merce Cunningham -, sont les pionniers d'une mise en jeu de l'oeuvre en présence du public, qui est une condition de la provocation ou de l'humour, et donc de la désacralisation de l'oeuvre. Pour le soundpainter, l'oeuvre est en mouvement perpétuel, et l'enregistrement n'est qu'un instantané. C'est là sans doute que l'improvisation rejoint le relativisme de Cage pour l'oeuvre aboutie, bien que Cage préférât l'aléatoire à l'improvisation truffée de mémoire ou de procédés.
Ce que j'ai appelé « Palette Cage » - dont on peut entendre des bribes au début du Monologue 2010, de Variations 5, et dans le documentaire -, consiste à planifier des événements dont je ne connais ni l'ordre, ni le contenu, ni l'ampleur : chacun des 12 performers doit effectuer 12 tâches de son choix qui sortent de sa discipline habituelle, en 8 minutes (une seule action est convenue : revêtir une blouse de chercheur !). Une sorte de « dodédrame », qui occupe tout l'espace scénique, pour lequel Schönberg se retrouve les bras ballants, face à la liberté de la génération de Cage."

François Cotinaud

Composition:
Françoise Purnode (comédienne), Maxime Nourissat (comédien) + 3 danseurs : Julie Salgues, Marie-Laure Caradec, Delphine Bachacou
Deborah Walker (cello), Yves Robert (tb), Andrew Crocker(tp), Luis Vina (ts, bcl), Emmanuelle Somer (anches), Florent Thiant (acc), François Choiselat (vib), Philippe Cornus (perc)
François Cotinaud (direction)
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